Des étudiants en Ifsi tournent une vidéo sur la responsabilité infirmière

La musique du générique d’un journal télévisé de 20 heures retentit. Le présentateur évoque la mort du petit Ilyès, en décembre dernier, à l’hôpital parisien Saint-Vincent-de-Paul, après une erreur de perfusion. Ainsi commence une vidéo de quatre minutes sur la responsabilité, réalisée par cinq élèves de l’Ifsi Croix-Rouge de Quétigny (Côte-d’Or), projetée le 8 avril lors d’un forum infimier sur ce thème à Dijon et diffusée à l’avenir dans ce seul Ifsi.

A l’écran, de futurs soignants, des infirmiers et, interrogés dans la rue, des passants. Ils s’expriment sur le rôle de la justice pour « encadrer » les pratiques et « faire la part des choses » en cas de faute. Avec un « bémol » : qu’une famille endeuillée puisse être projetée dans l’aveuglante lumière médiatique, « devant toute la France », quand une enquête est ouverte sur un accident.

Les apprentis réalisateurs s’interrogent : de quoi est responsable une infirmière ? « Ça peut aller très loin », répond une étudiante. De ses propres actes, réalisés ou non sur prescription médicale, à ceux qu’elle confie aux aides-soignants dans le cadre de leur collaboration. L’administration d’un médicament, la surveillance du patient après l’opération, son bien-être et sa « prise en charge globale »… autant d’actes dont le soignant doit répondre.

En trois mots
Support pédagogique ludique et invitation au débat, la vidéo se clôt par une question subsidiaire : comment définir la responsabilité infirmière… en trois mots ? En tête des termes cités vient la « rigueur ». Ajoutés aux verbes observer ou gérer, les notions d’attention, de discipline, de conscience professionnelle, d’accompagnement, de proximité, de droits et de devoirs, de qualité, d’éthique ou encore de secret médical montrent les diverses manières dont la responsabilité infirmière se conçoit – et s’exerce.

Un objectif du clip, réalisé avec l’aide technique d’un professionnel de l’image, était justement d’étudier ces multiples représentations, ces visions parfois nourries à forte dose par des affaires médiatisées. « Ce n’était pas un thème qui me sautait aux yeux en me lançant dans cette formation, confie, de son côté, Gwenaëlle, l’une des cinq réalisatrices du clip. La responsabilité, c’est quelque chose, non qui m’inquiète, mais au moins sur laquelle je m’interroge. » L’étudiante le constate toutefois : l’exercice de nombreuses responsabilités et la mise en branle de la justice peuvent faire peur.

Autre co-auteur de la vidéo, Gaël, qui décrit la responsabilité par le trio de mots rigueur, collaboration et empathie, estime que ce concept ne pèse pas pleinement sur les épaules des étudiants infirmiers. « En stage, même si on peut avoir une certaine autonomie, nous sommes toujours chapeautés par une personne du service. Il y a toujours quelqu’un qui vérifie l’injection… Une fois diplômés, nous ressentirons beaucoup plus de pression. » « Le passage du stagiaire au professionnel se joue souvent avec beaucoup de pression et de réels enjeux au niveau de la prise de responsabilité », confirme Diane Grober-Traviesas, directrice du jeune Ifsi Croix-Rouge de Quétigny. 

La mise en cause juridique – en particulier pénale – de la responsabilité infirmière est pourtant relativement peu fréquente. L’enjeu ? Être conscient de la responsabilité tout en l’exerçant sereinement. « Il faut dédramatiser cette question », souligne-t-on à la Générale de santé, organisateur du forum infirmier de Dijon en partenariat avec la Croix-Rouge française. Le groupe privé, qui a accueilli plus de 2 500 étudiants d’Ifsi Croix-Rouge dans ses établissements en 2008, affiche sa volonté de contribuer à la formation et à la réflexion sur les pratiques professionnelles.

Mathieu Hautemulle