03/12/2008

Des gynécos hostiles à la prescription et au renouvellement de contraceptifs oraux par les infirmières

Dans une lettre ouverte adressée lundi à Roselyne Bachelot et aux parlementaires, le collège des gynécologues médicaux du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (Syngof) s’oppose à ce que des professionnels de santé paramédicaux puissent prescrire ou renouveler la pilule, comme cela avait été envisagé dans une version de l’avant-projet de loi « Hôpital patients, santé, territoires ».
Ce texte intermédiaire prévoyait en effet d’autoriser les infirmières à renouveler, dans certaines conditions, les prescriptions de contraceptifs oraux. Il proposait également d’étendre aux sages-femmes les possibilités de prescription de la contraception, de suivi gynécologique de prévention et d’IVG médicamenteuses dans les établissements de santé, les centres de planning familial et les centres de santé. Le texte autorisait enfin les pharmaciens à renouveler de six mois une ordonnance de pilule périmée.


Toutes ces dispositions ont finalement été retirées du projet de loi HPST pour être intégrées, avait-on dit alors, au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2009. Mais la version définitive du PLFSS adoptée par l’Assemblée nationale, puis par le Sénat la semaine dernière ne contenait finalement rien d’autre que quelques recommandations générales en matière de contraception. Ainsi le gouvernement devra-t-il évaluer « l’efficacité des dépenses engagées» et étudier « les moyens d’améliorer le remboursement des contraceptifs dans l’objectif de mieux adapter les modes de contraception utilisés aux besoins de chacun ».
Mais le Syngof ne s’estime pas rassuré pour autant et s’alarme de ce que les propositions citées plus haut, pour l’instant écartées, « paraissent faire peu de cas de l’importance de la formation des médecins et de leur rôle sur la santé des femmes et risquent d’aboutir à des effets délétères ».
« La banalisation de la prescription de la contraception ou de son renouvellement par des paramédicaux ou des sages-femmes, dont la formation médicale est essentiellement axée sur le suivi de la grossesse normale, fera perdre aux femme le bénéfice pour leur santé qu’elles avaient acquis avec le suivi médical lié à la pilule », font valoir les gynécologues qui demandent « aux législateurs de ne pas sous-estimer le rôle du médecin aux dépens de la santé des patientes ».


Le Syngof plaide par ailleurs pour un meilleur remboursement de la contraception pour les moins de 20 ans et pour sa gratuité totale pour les mineures. Il propose en outre l’ouverture de consultations infirmières d’information à la contraception qui seraient assurées par les infirmières scolaires et dans les centres de planning familial. Dispositifs qui existent déjà…


Dans un contexte de pénurie médicale aux perspectives alarmantes (avec seulement 20 postes de gynécos proposés chaque année, il n’y aura plus que 180 gynécologues médicaux en France en 2020 si rien n’est fait), il ne serait pas surprenant que le secteur de la gynécologie médicale, fragilisé, perçoive la délégation de tâches comme une menace pour la spécialité, une façon de gérer la pénurie à moindre coût.

 

C. A.

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