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Depuis début novembre, l'URPS Infirmiers d'Occitanie déploie le dispositif infirmier d'astreinte de nuit entre Ehpad (DIANE). Cet outil numérique innovant permet de mettre en contact des directeurs de structures et des Idel mutualisés pour sécuriser les aînés et les équipes de nuit. A ce jour cinq dispositifs sont en place dans quatre départements, totalisant 34 structures et une quarantaine d'Idel engagées volontaires.
Rapprocher les soignants et les directeurs de structures pour répondre à des besoins urgents de soins, dans des Ehpad où il n'y a pas de médecin ni d'infirmier la nuit. Tel est l'objectif du dispositif innovant DIANE mis en place depuis novembre dans quatre départements d'Occitanie – Aveyron, Gard, Lozère, Tarn-et-Garonne (1). « L'application numérique que nous avons développée permet à toutes les structures du dispositif de faire appel à une infirmière libérale, toutes les nuits », indique Janis Francazal, Idel et secrétaire de l'URPS ILO mandatée par l'ARS pour piloter le projet.
Solution organisationnelle34 établissements de la région ont adopté cette solution organisationnelle, un enjeu du PLFSS de 2022 (2) pour assurer la continuité des soins. Une quarantaine de soignants libéraux se sont ainsi engagés, au bénéfice de 2160 seniors ou personnes en situation de handicap. « S'il y a un problème pendant la nuit, les aides-soignants peuvent avoir du mal à savoir ce qu'il faut mettre en place », explique Janis Francazal. « En moins de 30 minutes, ils peuvent avoir une réponse. » La plateforme numérique permet aussi à ces Idel d'astreinte par roulement du lundi 21h au lundi suivant, 6h du matin - de gérer leur calendrier.
Sept Ehpad par secteur« Les volontaires sont d'astreinte à leur domicile pour 5 à 7 Ehpad d'un même secteur », précise la secrétaire de l'URPS. Principe : en cas de problème avec un résident, l'aide-soignant(e) de l'Ehpad envoie une demande – anonymisée - via la plateforme DIANE. Le soignant d'astreinte peut déclencher une visio pour donner un conseil ou mettre en place un protocole de soin. Il peut aussi intervenir directement dans l'Ehpad. « Pour un traitement contre la douleur avec prescription anticipée dans le cadre d'une prise en charge de soins palliatifs », précise par exemple Janis Francazal. Ou pour des soins non programmés tels qu'une chute, une sonde urinaire bouchée, une perfusion qui ne passe pas. « Ces soins sont notre cœur de métier, en MAD », rappelle Hakima Legrand, qui intervient parmi 8 autres Idel, sur le secteur de la Grand-Combes (Gard nord).
« Cet outil extraordinaire est rassurant, notamment pour des personnes âgées qui peuvent subir des heures d'attente aux Urgences alors que certains problèmes peuvent être réglés sur place par un(e) IDE », fait observer la soignante. De fait, selon une étude menée en 2020, 20 % des transferts de résidents d’Ehpad aux urgences, sont inutiles.
« On désengorge aussi des services déjà en situation critique, souvent encombrés d'appel de structures comme les Ehpad », ajoute-t-elle. « Le dispositif est assez bien organisé et il reste assez souple car on nous demande nos disponibilités. »
ExpertiseCet outil numérique permet de tracer tous les fils d'intervention et les conseils donnés par l'Idel. Il dispose aussi d'un système d'évaluation de l'Ehpad et de l'intervention du soignant. « On remet en avant l'expertise de l'infirmier, sa capacité d'analyse d'une situation clinique et de travail en autonomie propre au libéral, transposée à un Ehpad », observe Janis Francazal. Beaucoup d'Idel demandent à intégrer Diane mais sont mis en attente sur des secteurs où le dispositif n'est pas encore en place. Des EHPAD de l'Ariège, de l'Aude, du Lot, du Tarn sont en demande. « Il faut d'abord créer un secteur et trouver des IDEL volontaires, ça prend du temps », relève la secrétaire de l'URPS Ilo (infirmiers libéraux Occitanie).
L’ARS Occitanie estime, pour sa part, que près de 400 Ehpad de la région pourraient bénéficier assez vite de ce mode d’organisation inédit (3), où parviennent à coopérer les secteurs public, privé et libéral.
ML
(1) Suite à un appel à candidature, l'Agence régionale de santé d'Occitanie a chargé l'URPS IDEL de mettre en place le dispositif dans ses treize départements.
(2) Rémunéré 100 € bruts par nuit, plus 20 € par déplacement.
(3) Un rapport fait en 2019 par l'Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale après une première expérimentation dans six territoires, a démontré des avantages significatifs de la mutualisation des IDE la nuit en Ehpad. Notamment sur la baisse des hospitalisations nocturnes aux urgences, le raccourcissement des séjours hospitaliers, la sécurisation des équipes de nuit ou encore une prise en charge meilleure de la fin de vie en Ehpad.