Des infirmières en détresse | Espace Infirmier
 
Des infirmières en détresse

11/09/2013

Des infirmières en détresse

Selon une enquête en ligne menée par l'Ordre des infirmiers, 81 % des soignantes se disent préoccupées par la violence. Mais seules 36 % d'entre elles plaident pour un renforcement de la présence policière.

L’Ordre national des infirmiers (ONI) aurait pu faire sa rentrée sur le thème de la douleur ou de l’éducation thérapeutique. Il a préféré attirer l’attention sur un sujet « majoré » par l’actualité, selon son président, Didier Borniche : la violence. Il manifeste ainsi son souhait d’être « en phase » avec les événements touchant à la profession.

Du 25 août au 4 septembre, des infirmières inscrites à l’ONI ont donc été invitées à répondre à une étude sur Internet. Au final, une participation modeste (978 infirmières), mais un résultat frappant, rendu public le 6 septembre : 81 % se disent préoccupées par la violence au travail.

Des violences au domicile du patient

L’étude ne comporte pas de question sur les causes de la violence, mais sur ses formes. La violence verbale est la plus courante : 38 % des infirmières déclarent y être confrontées quotidiennement ou fréquemment. C’est plus que les menaces ou intimidations (20 %), ou les violences avec atteintes aux biens (9 %). Et, sans surprise, plus que les violences physiques (8%) ou encore avec arme. Nombre de ces violences sont signalées aux urgences ou en gériatrie, mais aussi au domicile du patient – précisons que la moitié des répondantes exerce en libéral.

Mis en place par l’ONI il y a un an, l’Observatoire de la violence envers les infirmières (OVI) reçoit une dizaine de signalements par mois (quinze en août 2013). Avec cette étude, l’Ordre a plutôt évalué « le sentiment d’insécurité ».

Il a aussi demandé aux infirmières leur avis sur plusieurs solutions. Une meilleure formation à la gestion de l’agressivité et une adaptation des locaux emportent largement l’adhésion. Même score élevé (82 %) en faveur de l’augmentation des effectifs soignants. Prendre le temps de mieux communiquer avec les patients désamorcerait certaines situations d’impatience et de frustration. En particulier aux urgences, selon Didier Borniche et Emmanuel Boularand, en charge de l'OVI au sein du conseil national de l'ordre, qui prônent aussi une meilleure organisation, en orientant les cas non prioritaires vers la médecine de ville.

Des vigiles plûtot que des policiers

L’étude fait l’impasse sur les auteurs des violences. Mais pas sur la polémique du moment : faut-il des policiers à l’hôpital ? Non, répondent les infirmières à 39 %, contre 36 % d'opinions favorables. La sécurité privée séduit davantage, à 79 %. Une piste répressive ? Plutôt dissuasive, selon Didier Borniche, pour qui la présence d’un vigile incite les fauteurs de trouble à la retenue.

Face à la violence, « nous attendons des engagements et des actes des pouvoirs publics. Nous allons solliciter les ministères de l’Intérieur et de la Santé », conclut Didier Borniche. Le score de 81 % de l’étude devrait servir d’argument…

Mathieu Hautemulle

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