29/10/2009

Des labos aux malades du cancer, la recherche translationnelle

A mi-chemin entre recherche fondamentale et recherche clinique se trouve la recherche translationnelle… Ou en est-on actuellement? Voici un état des lieux tiré des Rencontres annuelles de l'INCa.

«Convertir les connaissances scientifiques en avancées médicales, pour les patients et pour la population, tel est l'enjeu de la recherche translationnelle, résumé par le professeur Fabien Calvo, directeur général adjoint et directeur de la recherche de l’Institut national du cancer (INCa)(1). Il faut adapter les moyens pour se situer dans l’infraclinique, proposer des outils de dépistage et de prévention plus adaptés.»

Pour cela, l’objectif est de faire interagir des disciplines telles que l’informatique, la chimie, les mathématiques… La recherche translationnelle implique trois acteurs: la recherche fondamentale, la recherche clinique et la recherche en sociologie et santé publique. Elle nécessite plusieurs outils : des données cliniques pertinentes ; des données pathologiques ; des analyses de mutation à grande échelle ; des recherches sur la cellule.

Survie révolutionnée

Grâce aux recherches, certaines leucémies chroniques, auparavant mortelles au bout de 3 à 4 ans, peuvent ainsi aujourd’hui se soigner. «La recherche a mis en évidence une anomalie génétique et a identifié la cible responsable. Un médicament a pu être mis au point, le Glivec®, il y a dix ans, pour bloquer cette cible. La survie des patients nouvellement atteints est aujourd’hui quasi identique à celle de la population générale, sous réserve qu’on prenne une petite pilule à vie», explique le professeur Josy Reiffers, président délégué de la Fédération des centres de lutte contre le cancer.

Cet exemple trouve des applications dans d’autres maladies, comme les Gist (acronyme anglais des tumeurs stromales gastro-intestinales). Estelle Lecointe, ancienne patiente, présidente de l’association « Ensemble contre le Gist» relève néanmoins que les faibles incidences des Gist limitent la recherche translationnelle, alors qu’elle est particulièrement importante pour le traitement de ces pathologies.

«Clone numérique» du patient
Ce type de recherche fait appel à des disciplines complémentaires. Le recours à l’informatique, par exemple, avec les progrès de la modélisation en trois dimensions, a prouvé son efficacité. « Il s’agit de créer un clone numérique du patient, explique Luc Soler, chercheur à l’Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif. Cela permet de mieux connaître la localisation de la tumeur ; mieux parler avec le patient, qui peut mettre un visage sur sa pathologie ; aider au choix d’un traitement mieux ciblé ; aider le chirurgien à suivre l’évolution du traitement de manière beaucoup plus précise. »

Pour optimiser la recherche translationnelle, il faut donc améliorer la coopération entre les chercheurs et les cliniciens et développer le rôle des cancéropôles, sur le modèle des comprehensive cancer centers en Grande-Bretagne. Les enjeux sont de taille, comme le rappelle le professeur Daniel Louvard, vice président du conseil scientifique international de l’INCa, directeur de la section recherche de l’Institut Curie (Paris): « Guérir plus, mieux, et avec moins de séquelles. »

Sarah Elkaïm

1- Les personnes citées s'exprimaient au cours d'une table ronde. Les Rencontres annuelles de l'Institut national du cancer (InCa) ont eu lieu le 7 octobre, à Paris.


En vidéo: des interviews des intervenants


Rencontres INCa 2009, partie 1, vidéo en ligne sur le site Dailymotion, réalisée par VideoScopie Production.

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