En pleine Semaine mondiale de la vaccination, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux demande à la ministre de la Santé un élargissement du droit des soignantes à vacciner sans prescription médicale.
Afin de sortir la France de son état de sous-vaccination, le Syndicat national des infirmières et infirmiers
libéraux (Sniil) demande à Marisol Touraine, ministre de la Santé, d’élargir le droit des infirmières à vacciner sans prescription médicale. Selon l’Institut de veille sanitaire (InVS), les objectifs français de couverture vaccinale, à savoir 75 % pour la grippe et 95 % pour les autres vaccinations, ne sont pas atteints. Certaines pathologies sont même de retour : 5 187 cas de tuberculose ont été recensés en France en 2010; le tétanos a été responsable de 11 décès entre 2008 et 2011; 14 966 cas de rougeole ont été notifiés en 2011.
Face à ce constat, le Sniil propose que les infirmières, reconnues compétentes pour vacciner contre la grippe saisonnière, en toute autonomie, les plus de 65 ans et les patients atteints de pathologies graves, puissent désormais effectuer cet acte pour tous les vaccins sur les adultes (18-64 ans) bien portants. Ces derniers doivent actuellement obtenir une prescription médicale et donc se rendre chez leur médecin.
Gains pour la société
En octobre dernier, l’Ordre national des infirmiers (ONI) avait également demandé à la ministre d’élargir ce droit des soignantes à vacciner sans prescription médicale. L’ONI et le Sniil préconisent donc une modification du code de la Santé publique (article R4311-5-1) par décret.
Les deux organisations professionnelles estiment que cette mesure permettrait également de réduire les
coûts directs et induits de la prise en charge de la grippe saisonnière par l’Assurance maladie et la société. Le Sniil explique, en effet, que cet élargissement du droit infirmier permettrait un accès plus facile de la population à la vaccination, sans obligation de rendez-vous chez le médecin, parfois difficile à obtenir en zone de désertification médicale. Cet accès serait à moindre coût puisque « chaque vaccination engendre actuellement 23 euros de remboursement de consultation médicale pour l’Assurance Maladie, ce qui représente un tarif supérieur à tout acte infirmier », rappelle le Sniil dans un communiqué.
Plus généralement, l’ONI préconise d’associer davantage les infirmières à la stratégie vaccinale pour d’autres pathologies, comme pour la vaccination rougeole-oreillons-rubéole, afin d’améliorer le taux de couverture.
Une « piste » envisagée par la ministre
Lors d’un débat au Sénat sur la politique vaccinale, mardi 23 avril, Marisol Touraine a annoncé son intention d’élargir le nombre de professionnels de santé pouvant prescrire et effectuer des vaccinations. La ministre de la Santé a évoqué la possibilité d’autoriser les infirmières à vacciner « au sein d’une pharmacie ». D’autres « pistes » sont « en cours d’expertise » : permettre aux sages-femmes de vacciner l’entourage des femmes enceintes ou aux pharmaciens d’effectuer les rappels de vaccins.
Laure Martin