Les 21èmes journées d’études européennes dédiées à l’intervention et au diagnostic infirmiers ont mis à l’honneur promotion de la santé et éducation thérapeutique.
Les 17 et 18 novembre derniers, l’Association francophone européenne des diagnostics, interventions, et résultats Infirmiers (Afedi) organisait à Marseille ses 21ème journées d’études auxquelles près de 300 participants ont répondu présents.
Infirmières issues du monde hospitalier public comme du secteur privé et du libéral, les professionnelles, originaires de toute l’Europe francophone, se sont penchées sur un thème en vogue : la promotion de la santé et l’éducation thérapeutique. Des notions qui, même passées dans le langage courant des professionnels du soin, demeurent encore confuses, comme l’ont confié certaines IDE.
Dans les années à venir, ces pratiques devraient pourtant de plus en plus s’imposer aux soignants, comme l’a relevé la présidente de l’Afedi, Marie-Thérèse Géradin-Celis : « La population vieillit. Elle est de plus en plus exposée à des risques en tous genres. Et pendant ce temps, les ressources diminuent… Il faut travailler sur la promotion de la santé plutôt que sur la façon de gérer la maladie ». Président du conseil inter-régional Provence-Alpes-Côte d’Azur de l’Ordre infirmier (coorganisateur du colloque), Patrick Chamboredon, a abondé dans son sens, plaidant pour une « approche globale ». « Aujourd’hui, on doit davantage chercher à travailler sur le "care" plutôt que sur le "cure" » a-t-il souligné.
Education thérapeutique
Pour sûr, entre les six ateliers et les six conférences du colloque, les congressistes ont eu matière à réflexion sur le sujet. Infirmière et maître de conférence à l’Université de Provence, Chantal Eymard a évoqué à ce propos les travaux actuellement conduits par l’Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), et qui devraient aboutir à la publication d’un référentiel de compétences relatif à l’éducation thérapeutique. Loin des 40 heures de cours actuellement inscrites dans le cursus des étudiantes en soins infirmiers, les futurs programmes en la matière pourraient s’avérer bien plus lourds… « Il existe même des masters dans ce domaine », a-t-elle rappelé.
Chantal Eymard a donc choisi d’en rappeler les grandes lignes. Selon elle, le modèle cognitivo-comportementaliste, basé sur la connaissance acquise par le patient, n’apporte une réponse qu’à court terme. « Il faut mettre l’accent sur la coopération avec le patient, a-t-elle insisté. Il s’agit d’un véritable changement de posture ». Cela passe notamment par le fait de savoir « accueillir les émotions du patient » ou encore la capacité à « favoriser le narratif même si le ressenti d’un patient n’est pas en soi une vérité. »
Dossier infirmier
Selon l’Afedi, toute cette démarche de soin mérite d’être valorisée. « Le problème est que - en dehors de l’aspect administratif - nous ne notons rien », a déploré Patrick Chamboredon. Entre l’accompagnement du patient, la surveillance (qui va bien au delà de celle des constantes de base !), le diagnostic, l’évaluation de la douleur, l’infirmière effectue de nombreux actes dont elle ne conserve aucune trace. « Ecrire est un soin à part entière, a martelé Christine Maupetit, vice-présidente de l’Afedi. On n’écrit pas pour se faire plaisir. Mais c’est nécessaire car nous travaillons en équipe. » Or, à ce propos, d’après l’Afedi, le dossier infirmier semble encore trop peu utilisé. Autre faiblesse : l’inexistence d’un langage commun. « Il existe une classification internationale, mais presque personne ne s’en sert, a fait remarquer l’infirmière suisse. Pourtant, lorsque l’on pose un diagnostic il faut dépasser le subjectif. Les médecins utilisent, eux, un vocabulaire normé. Quand ils constatent un infarctus, ils ne parlent pas d’angor ! »
texte et photo : Marjolaine Dihl