Les lésions de la main induites par les pétards sont de plus en plus nombreuses, et parfois irréversibles. La société française de chirurgie orthopédique et traumatologique réclame une réglementation plus sévère, notamment à l'encontre des pétards non homologués.
Beau temps ou pas, les pétards ont eu la cote lors de ces festivités du 14 juillet. Au grand dam des soignants des services d’urgences et SOS mains. « L’année 2012 marque un triste record », s’alarme la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (Sofcot) dans un communiqué, mercredi 18 juillet. « Cette année, on a eu une trentaine d’admissions en Ile-de-France, expose le Professeur Charles Msika, porte-parole de la Sofcot. Les accidents sont, malheureusement, en augmentation chaque année. »
Les pétards, en éclatant dans la main, peuvent faire des dégâts sur les os, les tendons, la peau, les vaisseaux ou encore les nerfs. A la pression de la déflagration et à la brûlure, s’ajoute l’effet caustique des produits chimiques. Des lésions parfois « bien au-delà des possibilités de la chirurgie reconstructrice, qui a pourtant fait d’énormes progrès ces dernières années, signale la Sofcot. Le blessé ne parvient à s’en sortir que par la perte d’un ou plusieurs doigts, après un parcours de soins long et pénible. » Un drame pour les jeunes, nombreux parmi les victimes. « S’ils avaient envie de devenir un jour infirmiers, ils ne le pourront pas. Ce sont des vocations perdues », lance le Pr Charles Msika, chirurgien orthopédiste à Paris.
Des plaies difficiles à traiter
En ligne de mire de la Sofcot, les pétards non homologués. « Il y a beaucoup de pétards d’importation illégale, notamment de Chine. C’est la course à la puissance, développe le Pr Charles Msika. La plupart éclatent dans la main car la mèche est trop courte. Le problème vient aussi des produits chimiques non répertoriés. Le traitement des plaies est compliqué pour les infirmières parce que certains composants ne sont pas identifiés. » La Sofcot propose d’ailleurs, dans le cadre de son congrès annuel, qui se déroulera du 12 au 16 novembre, des formations à destination des infirmières, notamment des Ibodes.
Alors que les pétards devraient continuer à faire des ravages jusqu’au 15 août, la société demande une réglementation* « plus sévère », « en pénalisant encore plus lourdement toute forme d’importation ou de commercialisation de pétards non conformes à la réglementation en vigueur » et en mettant en garde les usagers contre les risques des pétards. Avec, pourquoi pas, des « photos chirurgicales dissuasives de mutilations de mains occasionnées par ces " jouets " », à l’instar des images sur les paquets de tabac.
Aveline Marques
*La réglementation actuelle distingue quatre catégories d’artifices, allant des pétards que les enfants de plus de 12 ans peuvent se procurer aux artifices réservés aux personnes titulaires d’un certificat de qualification. Très dangereux, on les trouve pourtant très facilement sur internet.