Diarrhée aiguë du nourrisson : mission réhydratation

V’là l’épidémie de gastro ! Le réseau de surveillance épidémiologique Sentinelles de l’Inserm l’a confirmé mercredi, le seuil épidémique de la diarrhée aiguë a été dépassé en France métropolitaine deux semaines de suite, ce qui signe le début de l’épidémie saisonnière de gastro-entérite. Les incidences les plus fortes sont enregistrées en Corse (660 cas pour 100.000 habitants), en Bretagne, dans le Nord-Pas-de-Calais, en Rhône-Alpes, en Champagne-Ardenne et en Île-de-France (280 cas pour 100.000 habitants).

12 à 15 décès par an
Une frange de la population est particulièrement vulnérable à la gastro-entérite aiguë (GEA) : les nourrissons. En effet, leur masse corporelle étant constituée à 80% d’eau avant l’âge de trois mois, la déshydratation inhérente à la diarrhée aiguë peut avoir des effets rapidement dramatiques sur leur équilibre hydrique. « Les reins, immatures, sont incapables de retenir l’eau en quantité suffisante et le nourrisson peut perdre jusqu’à 15% de son poids » en quelques heures, indique le Pr Frédéric Huet, chef du service de pédiatrie et de génétique médicale du CHU de Dijon. La mort est alors imminente. En France, la diarrhée aiguë provoque encore 12 à 15 décès de jeunes enfants par an en moyenne, déplore-t-il. D’où la nécessité de rappeler sans cesse quelques principes simples qui, s’ils sont connus et respectés de tous ceux qui s’occupent de bébés, permettent d’éviter le pire.

Solution de réhydratation orale
Il faut tout d’abord apprendre à reconnaître les signes de la déshydratation : muqueuses sèches, absence de salive ou salive très collante, cernes, absence de larmes quand le nourrisson pleure, persistance du pli cutané (quand on pince la peau de l’enfant, celle-ci met plus de 2-3 secondes à redevenir lisse, il faut alors s’alarmer), troubles de la conscience, changement de comportement, somnolence. Ces signes doivent amener un consulter un médecin rapidement.
Mais avant même d'aller chez le médecin, la seule et unique chose à faire, c’est donner à boire au nourrisson déshydraté une solution de réhydratation orale (SRO). Les spécialistes du Réseau d’éducation active à la gastro-entérite infantile à rotavirus (Réagir) conseillent d’ailleurs à toutes les familles qui accueillent un nourrisson d’avoir des sachets de SRO en permanence dans la pharmacie domestique pour ne pas perdre un temps précieux si le besoin s'en fait sentir. Les SRO s’obtiennent sans ordonnance et sont remboursées par la sécurité sociale sur prescription médicale. Facile d’utilisation (il suffit de dissoudre le contenu d’un sachet dans 200 ml d’eau faiblement minéralisée en respectant scrupuleusement les quantités), la SRO est la seule boisson adaptée chez l’enfant de moins de deux ans atteint de déshydratation, « à l’exception de toute autre boisson », insiste le Pr Alain Martinot, responsable des urgences pédiatriques au CHU de Lille. Pas d’eau, encore moins de Coca-Cola.

Pas de changement d'alimentation

Il est très possible, au début, que l’enfant ne veuille pas boire ou qu’il vomisse ce qu’il absorbe. C’est normal, il faut donc insister et lui en reproposer très régulièrement, toutes les cinq à 10 minutes. A contrario, il n’y a pas de limite supérieure, tant que le bébé boit, c’est qu’il a soif et besoin de s’hydrater et il ne faut pas le restreindre. La SRO se conserve 24 heures au réfrigérateur.

En ce qui concerne l’alimentation, elle peut être poursuivie comme à l’accoutumée, en parallèle des prises de SRO : un nourrisson au sein continuera d’être allaité, un bébé passé au biberon boira son lait et un enfant à l’alimentation diversifiée pourra continuer à recevoir les mêmes apports lactés que d’habitude.

Après une première consultation médicale, il ne faut pas se précipiter le lendemain chez le médecin sous prétexte que la diarrhée n'a pas cessé malgré les SRO. « Aucun traitement n’arrête la diarrhée d’un enfant », indique le Pr Martinot. « Cela dure de deux à cinq jours. »
Réagir a publié des petites brochures explicatives à destination des parents et des soignants. Traduites en plusieurs langues dont l’arabe, le turc et le mandarin pour toucher un maximum de populations, elles insistent sur les réactions à adopter face à la diarrhée aiguë du nourrisson et sur l’utilisation des SRO.
Pour limiter la propagation du rotavirus, à l’origine des formes les plus sévères de GEA chez les nourrissons, il est recommandé de se laver les mains avec des solutions hydro-alcooliques (Sha) avant et après s’être occupé du jeune malade, de l’isoler au maximum des autres enfants, de limiter la circulation des jouets communs.

C. A.