La Haute Autorité de santé publie un guide à destination des professionnels de santé afin de les aider à annoncer à un patient qu’il a été victime d’un dommage imputable aux soins dont il a bénéficié.
Chaque jour, environ mille patients subissent un événement indésirable grave au cours d’une hospitalisation – les données en libéral ne sont pas connues. Les praticiens ne savent pas toujours comment communiquer avec le patient sur de tels dommages. Or, « une annonce non ou mal réalisée, manquant d’empathie ou de bienveillance, est porteuse d’un sentiment d’injustice ou d’incompréhension » pour le patient, constate la Haute Autorité de santé (HAS). C’est donc pour les accompagner dans cette démarche que la HAS a entrepris la rédaction d'un guide « pratique, court, clair, utilisable de manière simple sur le terrain et énonçant ce qu’il faut faire à différentes étapes », soutient le Dr Cédric Grouchka, membre du collège de la haute instance.
Des conseils par étapes
Cette soixantaine de pages, intitulée "Annonce d'un dommage associé aux soins", est divisée en trois parties chronologiques, organisées sous forme de fiches. La première est consacrée à la préparation de l’annonce aux patients, afin d’éviter toute improvisation. Toutes les relations patients-soignants ne sont pas vouées à être protocolisées, mais « de bonnes conditions doivent être réunies pour répondre à l’attente des patients », souligne Céline Schnebelen, chef de projet à la HAS. En ville, il peut être bénéfique pour le praticien de rechercher un soutien extérieur auprès de groupes de paroles, de réseaux ou encore des Unions régionales des professionnels de santé (URPS) afin de compenser l’isolement lié à son exercice.
La deuxième partie du guide se concentre sur l’annonce à proprement parler. Elle doit être effectuée, si possible, par le professionnel de santé qui a délivré les soins en cause, dans un endroit calme, de préférence dans les 24 heures suivant la détection du dommage. Le soignant doit faire preuve d’écoute, de sincérité, d’empathie et reconnaître le dommage subi. « Il doit savoir exprimer des regrets et présenter des excuses », indique Céline Schnebelen. S’il est recommandé, en milieu hospitalier, que le professionnel ne soit pas seul durant l’annonce du dommage, la HAS estime en revanche que cette situation ne s’adapte guère aux soins de ville. « Si le professionnel souhaite s’appuyer sur un tiers durant l’entretien, cela risque de dénaturer la relation existante et de faire perdre en humanité ce qui sera gagné en compétences », estime la HAS.
Suivi et formation
Enfin, la troisième partie aborde les suites de l’annonce, le moment pour les praticiens d’apporter les informations manquantes lors du premier rendez-vous ou encore de s’assurer que les offres de soutien proposées au patient sont effectives. Les rendez-vous de suivi doivent être consignés dans le dossier médical du patient.
La HAS rappelle en outre la nécessité, pour tout professionnel, d’être formé et préparé à ce type d’annonce via une formation initiale et continue. Paradoxalement, ce guide ne sera pas envoyé aux soignants. Seul le poster récapitulant les conseils de l’autorité va être diffusé. Pour avoir accès à l’intégralité du guide, les professionnels devront se rendre sur le site de la HAS.
Laure Martin