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La greffe rénale à partir d’un donneur vivant est à envisager en priorité. C’est le message porté le 28 novembre par l’Agence de la biomédecine (ABM), qui compte sur les professionnels de santé pour en relayer les atouts.
Septembre 2020. Marie-Hélène Peterson donne un de ses reins à son mari Christophe, au stade terminal d’insuffisance rénale chronique. « Une évidence », a-t-elle raconté le 28 novembre lors d’un atelier presse organisé par l’Agence de la biomédecine (ABM) dans le cadre d’une campagne de sensibilisation. Deux ans après, elle ne regrette rien : la vie de Christophe s’est normalisée, la sienne n’a pas changé. « Je n’ai aucun souci de santé, aucun traitement médicamenteux. » De quoi conforter les intervenants dans leur volonté de développer la greffe à partir d’un donneur vivant (DV). « La marge de progression est importante », note le Pr Luc Frimat, président de la Société francophone de néphrologie dialyse et transplantation (SFNDT). En 2021 en France, 502 greffes (1) du genre ont été réalisées, 15,4 % du total des greffes rénales. L’ambition : « Atteindre, voire dépasser les 20 % », soit l’objectif du plan greffe, rappelle le Pr Michel Tsimaratos, directeur général adjoint chargé de la politique médicale et scientifique de l’ABM.
LE DON DU VIVANT, MEILLEURE OPTION ?L’ABM veut convaincre ceux qui ne le seraient pas que la greffe rénale à partir de DV n’est pas un « dernier recours ». Au contraire, cette « solution largement éprouvée » – utilisée pour la première fois en 1952 – est « la meilleure option » pour les malades rénaux chroniques à un stade avancé, avant la greffe à partir d’un donneur décédé et la dialyse. « Une conviction », formule le Pr Vincent Vuiblet, néphrologue au CHU de Reims, partagée par sa profession : « Pour les néphrologues, la greffe DV est une priorité », confirme le Pr Frimat. Ses promoteurs listent les bénéfices du don du vivant : accession plus rapide à la greffe, qui est réalisée dans les meilleures conditions (programmation à l’avance, hors urgence), fonctionne mieux et plus longtemps que suite à un don post-mortem, et est moins sujette au rejet (surtout si le donneur est de la famille). L’espérance de vie du receveur est améliorée, de même que sa qualité de vie. Quant au donneur, ni son espérance de vie, ni son mode de vie, ne sont troublés.
SENSIBILISER VIA LES PROFESSIONNELS DE SANTÉC’est le travail de sensibilisation des professionnels de santé qui va permettre d’envisager le recours à cette option. Au premier rang notamment : les néphrologues (et équipes soignantes), pointe le Pr Frimat. Et les infirmières coordinatrices de transplantation à partir de DV, « socle et pierre angulaire de l’activité », valorise le Pr Vuiblet. Elles sont, entre autres, le « point d’entrée des patients ». Elles veillent à ce que les receveurs aient connaissance de ces greffes, expliquent la complexité du parcours de don par la minimisation des risques, fournissent aux candidats donneurs les informations pour prendre leur décision en connaissance de cause, illustre Émilie Karczewski, qui exerce au CHU de Reims.
L’information doit être transmise au plus tôt - car le processus de qualification du donneur est long, que cela joue sur les résultats de la transplantation -, et répétée. C’est ce qui permettra de dépasser les appréhensions, l’émotion. Et peut-être de déboucher sur une décision de don, sans garantie qu’il aboutira. Pour Marie-Hélène, c’est chose faite. Elle n’a plus « de rein à offrir », mais assure que si elle pouvait, elle signerait à nouveau.
Pauline Machard
1- "Du don à la vie", rapport annuel 2021 de l'Agence de la biomédecine
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- Gries L., « Le 4e plan greffe plutôt bien accueilli », sur espaceinfirmier.fr le 31/03/2022
- Bréard T., Biard G., Berthelot G., Goyon É., « Un outil de transmissions pour la greffe rein/pancréas », L’Infirmièr.e n° 5, février 2021.
- Bréard T., Kokar A., « L’ETP du patient en transplantation hépatique », L’Infirmièr.e n° 1, octobre 2020.
- Vernet S., « Le rôle primordial de l’infirmière après la greffe », L’Infirmière Magazine n° 390, février 2018.
- Fuks M., « La vie post-greffe en pratique », L’Infirmière Libérale Magazine n° 333, février 2017.