L’Agence de biomédecine lance ce lundi 24 novembre une campagne nationale d’information sur le don de spermatozoïdes. En 2006, 2.837 couples ont fait une demande de don de spermatozoïdes, mais moins de 350 hommes se sont présentés pour donner, sur lesquels 248 sont allés jusqu’au bout de la démarche. Le nombre de donneurs est donc largement insuffisant pour satisfaire la demande des couples en mal d’enfants et les délais d’attente sont longs, jusqu’à deux ans selon les Centres d’études et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos) (1). Actuellement, les Cecos enregistrent « pour chaque nouveau donneur accepté, plus de 11demandes de couples ayant besoin d’un don de spermatozoïdes », selon l’Agence de biomédecine.
Numéro Vert
La campagne d’information met plusieurs outils à disposition du public : un numéro Vert (0.800.541.541, appel gratuit) que les candidats au don peuvent appeler pour s’informer, un site Internet (www.dondespermatozoides.fr) avec tous les renseignements utiles, tant médicaux que juridiques, agrémentés de témoignages vidéo (un donneur, un médecin, un couple receveur et une juriste) ainsi qu’une brochure et une affiche pour diffusion dans les centres d’assistance médicale à la procréation (AMP), les cabinets de gynécologie médicale et les maternités.
Depuis que les Cecos ont commencé à fonctionner, en 1973, plus de 30.000 enfants sont nés, issus de dons de spermatozoïdes. En 2006, ils ont été 1.122, soit 5 à 6% des enfants nés après AMP, toutes techniques confondues. Sur ces 1.122 enfants, plus de 800 sont nés après insémination artificielle, méthode la plus simple, la moins coûteuse et la moins invasive, a indiqué le Dr. Françoise Merlet, médecin référent de l’Agence de biomédecine, lors d’une conférence de presse.
Infertilité
Le don de spermatozoïdes s’adresse à des couples en âge de procréer, composés d’un homme et d’une femme, qui peuvent justifier d’au moins deux ans de mariage ou de vie commune et dont le partenaire masculin est infertile ou risquerait de transmettre une maladie génétique grave à un enfant conçu avec ses propres gamètes.
L’infertilité masculine peut avoir plusieurs causes, rappelle le Pr. Jacques Lansac, praticien hospitalier en gynécologie-obstétrique au CHU de Tours et président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français. Parfois l’homme ne fabrique pas du tout de spermatozoïdes (azoospermie) et cela peut être acquis (ex : après une crise d’oreillons dans l’enfance, ou après une infection sexuellement transmissible), d’origine médicale ( traitement lourd médicamenteux ou par chimiothérapie), chirurgicale (torsion du testicule, traumatisme au rugby) ou congénitale (testicule non descendu, malformation de l’appareil génital). « Ou alors, l’homme fabrique des spermatozoïdes, mais le tuyau a une malfaçon qui se traduit par des troubles de l’éjaculation qui rendent impossible la fécondation de l’ovule par voie naturelle», explique le Pr. Lansac.
"Paternité du coeur"
« La plupart du temps, le couple découvre l’infertilité de l’homme au détour d’une visite de la femme chez son gynécologue parce qu’elle n’arrive pas à tomber enceinte », explique celui qui fut l’un des « pères fondateurs des Cecos » au début des années 1970. La révélation de la stérilité est souvent très douloureuse à vivre et le couple s’en trouve fragilisé, observe-t-il. Se pose alors la question des solutions alternatives et le recours au don de spermatozoïdes en est une.
Ce don n’est anodin pour personne, ni pour l’homme qui va le consentir, ni pour l’homme qui va en bénéficier, ni pour les compagnes de ces derniers. Il suppose de pouvoir comprendre la notion de « paternité du cœur », insiste le Pr. Lansac. Certains couples n’y arrivent pas.
Pour les donneurs potentiels, la démarche peut sembler délicate, intimidante, d’où la nécessité d’une information qui soit la plus complète et accessible possible tout en respectant le besoin de pudeur et de discrétion des hommes.
« L’une de nos missions consiste à faire réfléchir le candidat-donneur sur la valeur de son don », explique le Pr. Jean-Luc Bresson, chef du service de biologie de la reproduction au CHU de Besançon. « Ce n’est pas seulement un don de cellules, c’est un don de parentalité, un don de paternité. »
Le taux de succès est de 10 à 15% par cycle. « Une femme sur deux est enceinte au bout de six cycles », assure le Pr. Lansac. Plus le nombre de dons de spermatozoïdes est grand, meilleure est la prise en charge des couples demandeurs et leurs chances d’obtenir une grossesse.
C. A.
(1) Il existe 23 Cecos dont les coordonnées sont consultables sur www.procreationmedicale.fr