A l’aube d’un 4e Plan sur la douleur, les professionnels de santé plaident pour le développement de nouvelles pratiques infirmières en la matière.
Des gestes simples et des méthodes non-médicamenteuses dans la prise en charge de la douleur. C’est ce que les soignants, réunis le 17 novembre dernier au Forum infirmier du 11e Congrès national de la SFETD, ont préconisé. Sans oublier l’importance de la formation et la nécessité de repenser les compétences et les responsabilités des infirmières. « Cette redéfinition doit être efficace, elle doit permettre de mettre en avant la fonction transversale du poste », a insisté Jocelyne Le Gall, infirmière anesthésiste et cadre de santé, qui a fait partie des groupes de travail au Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) pour l’évaluation du 3e Plan douleur.
Du transport par les brancardiers jusqu’aux soins au lit, la prise en charge de la douleur devrait pouvoir imprégner chaque acte de prise en charge des patients. Or, pour le moment, les moyens non médicamenteux de prévention et de prise en charge de la douleur sont très absents des pratiques infirmières, ont relevé les participants au Forum infirmier. Dommage, ont-ils souligné, car la communication et le toucher ont un réel impact sur la réduction de la douleur. D’autant plus dommage, ont-ils rajouté, que les soignants pourraient être en première ligne pour faire avancer ces méthodes primordiales.
Impératif de formation
Comment développer cette culture de la douleur ? Par le biais, avant tout, de la formation, ont insisté les infirmiers présents au Congrès. Car pour le moment, les unités d’enseignement (UE) où l’on aborde en profondeur la question de la douleur, sont surtout ceux relatifs aux soins palliatifs et à la fin de vie, ou ceux centrés sur les soins d’urgence. Il n’existe pas d’UE spécifique sur la prévention et la prise en charge de la douleur, ni d’enseignement ou d’évaluation concernant le rôle propre de l’infirmier. « Il faudrait mettre l’accent sur l’identification, l’évaluation de la douleur et la mise en place de moyens non-médicamenteux. Evoquer, entre autres, les méthodes cognitivo-comportementales et psycho-corporelles, a expliqué Christel Guillon, infirmière ressource douleur au centre hospitalier de Niort. Sans oublier de prendre en compte la question de l’hypnose, de la sophrologie, de la réflexologie. »
Autre impératif, ont souligné les soignants : développer les approches non-médicamenteuses, comme le toucher, vecteur de relation patient-soignant trop souvent ignoré. « Par le toucher relationnel, le patient peut enfin se sentir considéré et pris dans son ensemble. Il est reconnu comme un être à part entière », a expliqué Aurélien Guion, infirmier au sein du groupe hospitalier Saint-Joseph, à Paris. Le soignant a fait part de sa propre expérience, évoquant l’efficacité que peut avoir une simple caresse pour soulager la douleur provoquée lors de l’ablation du drain de redon chez les patients opérés d’une première prothèse totale de hanche. « Le toucher, qui dépend tout autant d’un savoir-être que d’un savoir-faire, permet de compléter la prise en charge chimique de la douleur », a-t-il insisté.
« Ce qu’il faudrait aussi, aujourd’hui, c’est une véritable reconnaissance du rôle des infirmiers ressource douleur », a commenté Jean-Michel Gautier, infirmier anesthésiste et cadre de santé, au centre hospitalier de Montpellier, et coordinateur du réseau Douleur Réseau InterCLUD Languedoc Roussillon. La généralisation de cette fonction d’Infirmier Ressource Douleur au sein des établissements contribuerait, sur le terrain, à la diffusion de la culture douleur, avec un niveau requis de compétences.
Catherine Faye
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