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02/12/2021

Douleur peropératoire : la France plutôt bonne élève

En analysant les données renseignées par 70 centres pendant deux ans, la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar) a mis en évidence les progrès réalisés par les soignants, qui ont réussi à diminuer le recours à la morphine et ses dérivés.

La Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar) a publié récemment les résultats d’un audit sur la prise en charge de la douleur peropératoire en France. « En 2017, nous avons mis au point l’outil AlgoSfar, auquel nos membres peuvent accéder en ligne, pour évaluer leur prise en charge de la douleur postopératoire en renseignant pour chaque patient des items relatifs à l’évaluation de la douleur et à l’administration d’antalgiques », introduit Hélène Beloeil, professeure d’anesthésie à Rennes et investigatrice principale. Les équipes peuvent ainsi dégager des pistes pour améliorer leurs pratiques.

L’étude publiée dans Anesthésie & Réanimation en novembre a analysé l’ensemble des données recueillies par cette méthode en 2017 et en 2018, soit 3 315 patients soignés dans 70 centres. « Puisque les centres ont été recrutés sur la base du volontariat, on peut penser qu’ils sont sensibilisés plus que d’autres à la gestion de la douleur, reconnaît Hélène Beloeil. Malgré ce biais, c’est la première étude sur une large cohorte depuis 2008, et il est intéressant de pouvoir avoir ce regard sur nos pratiques. »

Deux tiers d’analgésie multimodale

Dans le détail, parmi les 70 centres participants, 26 % étaient des CHU, 26 % des CHR, et 34 % des hôpitaux privés.Les patients inclus comptaient plus de femmes (57 %) que d’hommes, âgés de 16 à 99 ans (âge moyen, 54,2 ans). Un peu plus de la moitié (55 %) a bénéficié d’une intervention chirurgicale orthopédique, digestive ou ORL. 82 % ne prenaient pas de traitement antalgique préopératoire, et une proportion quasi identique (80 %) a été mise sous anesthésie générale pendant l’intervention, avec ou sans anesthésie loco-régionale associée.

En salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI), la majorité (81 %) a été peu douloureuse, avec un score d’ENS (échelle numérique simple) inférieur ou égal à 3. En combinant les données de SSPI et peropératoires, il apparaît que 23 % des patients ont reçu des opiacés et 28 % du tramadol. 76 % ont reçu du paracétamol, 45 % du néfopam et de la dexaméthasone, 37 % des anti-inflammatoires non-stéroïdiens, 34 % de la kétamine, 12 % de la lidocaïne. Parmi l’ensemble des patients, 67 % ont reçu au moins deux antalgiques, et 31 % ont reçu quatre antalgiques ou plus. 18 % n’ont pris aucun antalgique.

Élaborer des stratégies personnalisées

« Ces données sont encourageantes, analyse le Pr Beloeil. Les patients sont globalement peu douloureux après la chirurgie, et les stratégies d’analgésie multimodale permettent de limiter la consommation de morphine, conformément aux recommandations. De plus, l’administration par voie sous-cutanée a été abandonnée au profit de la voie orale ou intraveineuse. » Que ce soit en comparaison avec les pratiques à l’œuvre aux États-Unis, par exemple, ou par rapport aux résultats français de 2008, la prise en charge peropératoire en France semble plutôt satisfaisante.

Sur quoi les efforts devront-ils porter désormais ? « Il y a des progrès à faire sur la prise en charge des personnes pour lesquelles les stratégies multimodales standards ne fonctionnent pas », remarque-t-elle. En effet, 467 patients ont déclaré une ENS supérieure à 7 au moins une fois. « Il faut que nous apprenions à mieux détecter ces patients et leurs facteurs de risque, comme la douleur chronique ou la prise de morphine, afin d’élaborer des stratégies personnalisées de prise en charge », encourage-t-elle.

Lisette Gries

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