Du paddle pour les femmes atteintes d’endométriose | Espace Infirmier
 
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20/06/2024

Du paddle pour les femmes atteintes d’endométriose

Un programme gratuit d’Activité Physique Adaptée qui associe danse et stand-up paddle a été mis en place par la mairie des 6e et 8e arrondissement de Marseille pour les femmes atteintes d’endométriose. Comme objectifs pour les participantes, le partage, le plaisir, la réconciliation avec son corps et un véritable temps pour mettre de côté la douleur.  

17h30, base nautique de la Pointe Rouge dans le 8e arrondissement de Marseille. Le soleil brille, la mer est calme avec un léger vent. Héloïse Boireaud, enseignante spécialisée en Activité Physique Adaptée (APA), en Master STAPS APAS (Activité physique adaptée et santé) et Isabelle Savary, responsable de la Base nautique de la Pointe-Rouge et coach de Stand Up Paddle (SUP), sont en place. Les paddles, les combinaisons et les rames sont sorties. Elles attendent les femmes qui viennent pour cette sortie sur l’eau, programmée le jeudi à 18h. Le départ se fait vers 18h30, avec un retour un peu avant 20h suivi d’un temps d’échange. « C’est un projet d’activités physiques qui est gratuit et permet aux femmes de se retrouver entre elles, d’échanger et de partager des moments, souligne Marie-Hélène Amsallem, adjointe à la mairie des 6e et 8e arrondissement, déléguée à la santé publique. Nous avons mis en place de nombreuses actions pour le cancer du sein, là c’est la première fois que nous proposons de la danse et du paddle pour les femmes touchées par l’endométriose. » Rappelons qu’on estime que 150 000 à 200 000 femmes sont concernées par cette pathologie en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Des sorties adaptées génératrices de bien-être

« Je travaille sur la posture pour éviter de venir déclencher des douleurs et je m’adapte à la maladie, précise Héloïse Boireaud. Le but est d’apporter du bien-être, de se réapproprier sa féminité, de se réconcilier avec son corps physique qui est clairement douloureux. Les personnes s’inscrivent mais peuvent venir ou ne pas venir à la dernière minute. Les bienfaits de l’activité physique régulière vont limiter et calmer le processus inflammatoire mais il faut adapter le rythme et l’intensité. Trois séances régulières par semaine, c’est une bonne cadence encore faut-il trouver des créneaux horaires compatibles avec un emploi du temps de femmes actives. » Concernée elle-même par l’endométriose, pratiquant la danse classique et jazz, la jeune femme ne trouvait pas de programmes accessibles. Elle a donc eu l’idée de ce projet, qu’elle poursuivra avec une thèse afin de montrer que l’APA diminue les douleurs, la fatigue et améliore le sentiment de féminité. Un vaste et beau sujet.

Se sentir en confiance

Pour le paddle, si la météo peut-être un critère d’annulation, la maladie donne aussi son tempo. Ce jeudi 6 juin, quatre jeunes femmes sont au rendez-vous. Tout de suite, elles se sentent en confiance, abordent leur quotidien sans tabou, échangent sur leurs interventions chirurgicales, les différents traitements et leurs effets secondaires, celui qui a fonctionné pour l’une et pas du tout pour l’autre. En toute liberté. Maëlle, 21 ans, a été diagnostiquée en 2022, et vient pour la première fois à la sortie paddle. « Depuis l’âge de 15 ans, je suis hospitalisée au moins une fois par an, confie-t-elle. Je fais déjà du yoga, du Pilates, et je faisais beaucoup de danse classique et jazz mais la kiné ne m’a pas autorisée à reprendre. J’ai une équipe de 5 personnes qui me suit à Aix-en-Provence, gynécologue, kinésithérapeute, médecin de la douleur, acupuncteur, ostéopathe. Je suis en alternance, chargée de projet marketing dans une entreprise à Marignane. J’aime faire beaucoup de choses mais j’ai aussi besoin de dormir 10 à 12 heures selon les périodes. » Rien ne semble entamer la vitalité ni le large sourire de cette jeune fille. Et pourtant, la fatigue chronique, les régimes alimentaires stricts, les migraines, les nombreux traitements, les passages à l’hôpital et les douleurs sont bien là. Elle précise même « pour moi l’endométriose c’est une pathologie pas une maladie, le cancer, c’est une maladie. » Elle est rejointe par Ingrid qui est déjà venue plusieurs fois à la sortie paddle, puis par Sylvie qui a une pratique sportive quotidienne et assiste aussi aux ateliers danse, et enfin par Léa adepte de la natation, fraîchement arrivée à Marseille.

Se relâcher et bien respirer

Éviter les impacts, se détendre, relâcher les muscles. « Quand on est sur l’eau, on est autonome sur son propre paddle, précise Isabelle Savary, coach paddle. Il y a un gros travail de proprioception, tout est transmis dans les jambes. La rame permet le travail sur le haut du corps. Dans ces sorties, nous pouvons accueillir les femmes dans de bonnes conditions. Cette activité leur permet de se réapproprier leur schéma corporel, de réduire leur stress et de les aider à retrouver confiance en elles. » Avant de démarrer, Héloïse Boireaud réalise sur la plage des exercices de respiration, d’échauffement et de souplesse notamment du bassin par lequel passe l’équilibre du corps. Après une bonne heure de navigation, les 4 participantes reviennent à terre avec leurs 2 accompagnatrices. Et les avis sont unanimement positifs. « Je suis épuisée à la fin mais cela m’aide vraiment au niveau musculaire car j’ai vraiment un gros traitement à vie, mais j’ai réussi à avoir un enfant il y a quelques années », précise Ingrid. « C’est vraiment super, ce sont de belles sensations, on se sent plus proche de la nature, je reviens la semaine prochaine ! », s’enthousiasme Maëlle. « Je ne faisais pas de sport nautique mais avec le paddle, je vois vraiment le bien-être lié à la mer, sur l’eau je me sens plus légère, je n’ai pas le poids de la douleur comme lorsque je reviens à terre », confie Sylvie. De même pour Léa, 22 ans, qui a trouvé la session « super bien, j’ai toujours fait de la natation, donc l’eau ça me parle ». Si Héloïse Boireaud fait un bilan lors de l’inscription à la session afin de prendre en considération l’état de santé de chaque participante, elle a aussi créé un groupe WhatsApp. Chacune y dépose des messages, des ressentis, des informations, des photos. Une petite communauté de 17 personnes (danse et paddle réunis) a ainsi vu le jour dans un total esprit bienveillant. Rencontrer d’autres femmes qui vivent la même chose que soi, c’est aussi un des enjeux de ce projet qui rompt l’isolement dans laquelle l’endométriose peut enfermer chacune d’elles.

Isabel Soubelet

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