Michael Sallit
Membre du Collectif Pour une véritable éducation à la sexualité, le Syndicat national des infirmier.es conseiller.es de santé (SNICS- FSU) plaide pour la mise en œuvre du nouveau programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, attendu depuis le gouvernement de Gabriel Attal. Éclairage avec Mathilde Varrette, secrétaire adjointe du syndicat.
QUELLE EST LA SITUATION ACTUELLE DE L'ÉDUCATION À LA SEXUALITÉ EN MILIEU SCOLAIRE ?
L'éducation à la sexualité est inscrite dans le Code de l'éducation (articles L. 121-1 et L. 312-16) depuis la loi du 4 juillet 2001 relative à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception. Le texte prévoit trois heures d’éducation par an, dans les écoles, collèges et lycées. Cependant, depuis plus de 20 ans, la loi n’est pas appliquée. Un rapport de l’Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) de 2021 pointe que les élèves sont moins de 15 % en école et au lycée et moins de 20 % en collège à en avoir bénéficié faute de moyens ou d’engagements au sein des établissements. La loi ne précise pas qui doit effectuer ces séances d’éducation. Cependant, d’après ce même rapport, en 2018-2019, dans le second degré, les intervenants étaient à 40 % des infirmiers, à 30 % des intervenants extérieurs, à 15 % des enseignants en lycée et à 20 % en collège, le reste étant réparti entre divers personnels d’éducation, dont les conseillers principaux d’éducation et les assistants de service social.
Face à cette réalité, le Collectif Pour une véritable éducation à la sexualité, composé de 10 structures*, a été créé fin 2022. En novembre 2023, nous avons présenté notre Livre Blanc avec une quarantaine de recommandations pour rendre le cadre de l’éducation à la sexualité plus impératif, assurer la mise en pratique de l’éducation à la sexualité ou encore développer un environnement favorable à l’éducation à la sexualité en dehors du milieu scolaire. Nous estimons qu’il est également important de protéger les personnes qui assurent ces séances, car certaines associations de parents d’élèves nous attaquent, estimant que nous pervertissons leurs enfants.
RÉCEMMENT, LE COLLECTIF EST DE NOUVEAU MONTÉ AU CRÉNEAU FACE À DES PROPOS TENUS PAR LE MINISTRE DÉLÉGUÉ À LA RÉUSSITE SCOLAIRE. QU’EN EST-IL ?
Sous le gouvernement de Gabriel Attal, un nouveau programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle a été élaboré par le ministère de l'Éducation nationale et a été proposé au Conseil supérieur des programmes et au Conseil supérieur de l’éducation. Il aurait dû être voté en juillet mais à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin, le vote a été reporté. Il était ensuite prévu que le vote ait lieu en décembre, mais à ce jour, rien n’a encore été acté. De plus, Alexandre Portier, ministre délégué chargé de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel au sein du gouvernement de Michel Barnier, ne soutenait pas réellement le programme. Il considérait qu’il n’était pas acceptable en l'état, estimant que le « militantisme » et « la théorie du genre » n’ont « pas leur place » à l’école. Des propos dénoncés par le Collectif, car l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle représente l’un des meilleurs outils de repérage de l'inceste. Ce programme est fondamental pour lutter contre les violences sexistes, sexuelles et les discriminations.
QUEL EST L’ENJEU POUR LES INFIRMIÈRES DE L’ÉDUCATION NATIONALE ?
Aujourd’hui, 40 % des séances d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle sont réalisées par les infirmières de l’Éducation nationale. Avec ce programme, l’objectif est de les protéger car elles interviendront dans un cadre formalisé. Nous voudrions aussi que ces séances soient co-animées avec un enseignant ou une assistante sociale, pour que nous puissions être davantage à l’écoute des élèves. Car souvent, ce type de séances peut déclencher des demandes de leur part. Nous pouvons alors les recevoir dans le cadre de consultations, tout comme l’assistante sociale, pour les accompagner. À ce jour, nous sommes confrontés à un manque de moyens et de formation pour dispenser ces séances. Nous voudrions plus d’investissements et nous plaidons pour qu’elles soient réalisées par des fonctionnaires afin de certifier leur qualité et la neutralité des propos tenus.
Propos recueillis par Laure Martin
* Association de Lutte contre le Sida et pour la Santé Sexuelle (ALS), En avant toute(s), Excision parlons-en ! Femmes pour le Dire, femmes pour Agir (FDFA), Fédération Nationale des Centres d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles (FNCIDFF), Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), Planning familial, Sidaction, SNICS-FSU, Stop Fisha.
Toutes nos formations de santé :
- Gestes et soins d’urgence
- Douleur
- Expertise soignante et relations dans le soin
- Management de la qualité et des risques
- Droit et éthique
- Gérontologie et gériatrie
- Santé mentale et handicap
- Santé, qualité de vie et des conditions de travail
- Incendie et sécurité au travail
Feuilleter le catalogue
Demander le catalogue en version pdf à contact@sauvgard.com