En avril 2008, la Haute autorité de santé (HAS) publiait une recommandation autour des formes de coopérations possibles entre les professionnels de santé. Un appel d'offres sur ce thème avait été lancé dès 2006 par la HAS, auquel avaient répondu ensemble la Mutualité sociale agricole (MSA) et le Centre de recherche médecine, santé et société (Cermes). "Nous avons été lauréats de cet appel d'offres et avons lancé cette expérimentation sur des sites pré-sélectionnés par la MSA", rapporte Gérard de Pouvourville, économiste au Cermes. La coordination libérale pluriprofessionnelle en santé (Clips) est ainsi expérimentée sur deux sites : Geneston-Montbert en Loire-Atlantique et Salles Curan en Aveyron.
Education thérapeutique au diabète et à l’hypertension
Concrètement, médecins généralistes et infirmières libérales coordonnent leur action autour de patients diabétiques ou hypertendus pour améliorer leur prise en charge et ce, notamment, au travers de l'éducation thérapeutique. Aujourd'hui, près de 280 patients ont ainsi accepté, sur ces deux sites, de participer à l'expérimentation qui sera évaluée en fin d'année. Deux fois dans l'année, ils verront leur médecin généraliste pour leur pathologie et seront suivis, le reste du temps, par l'infirmière libérale qui leur propose un suivi individuel ou collectif. La prise en charge par l'infirmière est adaptée à chaque patient, en concertation avec le médecin.
A ce stade, s'il est acquis que cette expérimentation ne peut pas donner lieu à une rémunération à l'acte des infirmières, un "paiement neutre" a été mis en place, faute de pouvoir a priori établir précisément le montant d'une rémunération forfaitaire qui serait adaptée. Prévue sur trois ans, cette expérimentation dispose d'un budget global de 177.000 euros. Aujourd'hui, sur les deux sites, cinq médecins généralistes se sont investis dans l'expérimentation, de même que trois infirmières. Céline Andreani, l'infirmière qui participe à l'expérimentation de Geneston-Montbert, est satisfaite de pouvoir enfin prendre du temps avec ses patients et note que seule "une dizaine sur 150 ont refusé ce suivi infirmier".
Le médecin doit « savoir s'aider d'autres compétences »
Forte d'une formation en éducation thérapeutique qu'elle a suivie "par le biais de la MSA", elle se sent armée pour bien prendre en charge ses patients, ce qui soulage Yves Coignac, l'un des médecins généralistes avec qui elle travaille. Selon lui, l'éducation thérapeutique est chronophage et, de toutes façons, "le médecin ne peut plus gérer tout, tout seul. Il faut savoir s'aider d'autres compétences". Ces compétences infirmières, Céline Andreani attend qu'elles soient reconnues.
Selon Michelle Bressand, conseillère générale des établissements de santé à la Dhos, cette expérimentation est finalement une protocolisation en médecine de ville de ce qui se faisait déjà, de façon isolée, au cas par cas, entre les professionnels.
Sandra Serrepuy