Sur les dix professions de santé recensées par l’Inpes, seule une structure de formation initiale sur deux propose un enseignement spécifique en éducation thérapeutique du patient (ETP). Bon point pour les infirmières, « les facultés de médecine sont plus en retard sur ce domaine que les Ifsi » constate Marie-José Moquet, chef du département Qualité des pratiques et formation, après l’enquête menée en 2008*.
Pénurie de formateurs qualifiés, manque de financement, de temps… L’ETP n’est, de plus, pas toujours clairement inscrite dans l’obligation de formation. C’est en tout cas pour en généraliser l’enseignement de cette matière auprès de tous les professionnels de santé que l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) vient d’annoncer le lancement, le 30 janvier, d’une « boîte à outils » multimédia avec fiches pratiques, 70 activités, vidéos, power point et références biblio. Un produit pédagogique de qualité, proposé gratuitement sous deux formes : DVD (envoyé sur demande) et site web (en accès libre, sur le site http://outils-formateurs-education-patient.inpes.fr). De quoi, à terme, augmenter le nombre de professionnels de santé sur le territoire en capacité de questionner, écouter et encadrer le patient dans sa maladie, espère l’Inpes. «Le professionnel de santé doit oublier qu’il prescrit de l’éducation thérapeutique au patient, il doit surtout apprendre à changer de posture et de regard. C’est une révolution culturelle pour le soignant», souligne Than Le Luong, directrice générale de l’Inpes.
Certes, la diffusion plus large des bases de ETP auprès du personnel soignant ne résoudra pas tous les problèmes. En dépit de son inscription dans la loi HPST**, sa dispense auprès du patient demeure, en médecine de ville, un acte non codifié. «Dans la mesure où il importe de décloisonner la ville et l’hôpital, il faudrait pouvoir intégrer le patient dans un parcours, et revoir les modalités de financement», constate Than Le Luong. La prise en charge forfaitaire est bien évidemment une piste qui ne demander qu’à être explorée.
La création de cette boîte à outils s’inscrit dans le cadre du Plan 2007-2011 « Améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques » qui donne une place centrale à l’éducation thérapeutique du patient. On estime que 15 millions de personnes, soit près de 20 % de la population française, sont atteints de maladies chroniques. Il est aujourd’hui clairement admis que, plus le patient est impliqué dans les soins et la gestion de sa maladie, plus la prise en charge est efficace.
Derrière ce projet, on retrouve les grands noms de l’éducation thérapeutique : Brigitte Sandra-Berthon, Remi Gagnayre, etc. Pour une fois, ils ont accepté de travailler tous ensemble pour offrir leur savoir-faire à d’autres formateurs. Des médecins, des kinés, des pharmaciens… Mais aucune infirmière. «Pas pour le moment, c’est vrai. Mais le principe du site internet est évolutif : on espère inclure prochainement les cadres de santé, et ainsi créer un réseau dynamique de formateurs», s’engage l’Inpes lors de la conférence de presse. Il aura fallu deux ans et demi de travail pour développer et finaliser cette boîte à outils.
Candice Moors
* « Etat des lieux de la formation initiale en éducation thérapeutique du patient. Résultats d’une analyse globale pour dix professions de santé ». Saint-Denis : Inpes coll. Evolutions, 2008, n°12.
** dont les débats à l’Assemblée nationale débuteront le 10 février. L’introduction de l’ETP dans la loi Hôpital patients santé et territoires va notamment permettre le développement en région d’actions en matière d’éducation thérapeutique du patient, via les Agences régionales de santé (ARS). L’Inpes participera à ce développement en fournissant des outils méthodologiques, de formation et d’information.