A l’hôpital René Dubos de Pontoise, l’équipe chargée de l’éducation thérapeutique des insuffisants cardiaques utilise depuis quelques années des méthodes innovantes, basées sur le jeu. Elles ont été présentées lors du Congrès de la Société européenne de cardiologie, le 27 août.
Quoi de mieux que le jeu pour faire progresser les connaissances et la santé des patients sans les ennuyer ? « Avec l’éducation thérapeutique classique (entretiens individuels, définitions des objectifs thérapeutiques, sessions de formation, évaluations à court, moyen et long terme…), nous obtenions des résultats, mais qui semblaient perfectibles, explique Amélie Boireau, infirmière coordinatrice à l’unité thérapeutique d’insuffisance cardiaque (Utic) du centre hospitalier René Dubos de Pontoise (95). C’est ainsi que nous avons pensé à créer un jeu. »
Entre jeu de l’oie et Monopoly, le plateau Connaissance Action Santé, permet à la fois d’évaluer et de faire progresser les connaissances des patients, au fil d’un parcours jalonné de questions concernant la prévention, le régime alimentaire, les signes d’alerte, etc.
Diminution notable des réhospitalisations
Il a été pensé au sein du service par le Pr Patrick Jourdain et Amélie Boireau. « Au départ, nous l’avons bricolé avec des feuilles A4, des dessins, puis nous avons trouvé un imprimeur et il est même désormais disponible à la vente », explique l’infirmière. Les parties sont notamment proposées aux patients insuffisants cardiaques, porteurs d’un pacemaker ou sous anti-coagulants, grâce à des modules adaptés à chaque pathologie. Elles s’insèrent dans les sessions d’éducation thérapeutique sur deux jours suivant une hospitalisation. « Elles réunissent plusieurs patients, ce qui permet d’enclencher une dynamique de groupe et de réaliser qu’ils ne sont pas seuls à vivre des difficultés ou à ne pas connaître les réponses », note Amélie Boireau.
L’évaluation a montré une diminution notable des réhospitalisations, passées de 25 % à 9,5 % après l’introduction du jeu, ainsi qu’une amélioration des réponses apportées aux questions concernant les réactions à adopter devant des signes d’alerte. Le concept a tellement séduit qu’il est actuellement proposé pour d’autres pathologies, telles que diabète et VIH. « Certains patients sont un peu réticents au départ, mais en insistant un peu, ils finissent par se prendre au jeu», témoigne l’infirmière coordinatrice.
La Wii aussi
Une autre utilisation du jeu pour les patients du service consiste à proposer l’utilisation d’une console Wii – qui détecte les mouvements – pour la reprise de masse et de volume musculaire. La kinésithérapeute de l’unité a sélectionné deux programmes de jeu (Body Coach et EA Sports) qui permettent d’évaluer la progression des joueurs en fonction de leur sexe, de leur âge, etc. Grâce à eux, les patients évalués ont pu atteindre une force théorique maximale de 75 % (comparable aux 80 % des sujets sains). « Je cherche toujours de nouveaux moyens pour motiver les patients », explique Régine Peres, kinésithérapeute libérale qui participe aux sessions d’éducation thérapeutique de l’Utic, citant, « outre le classique travail segmentaire, l’électrothérapie, le physioplate (plaque vibrante) ». Et, contre toute attente, « ce ne sont pas forcément les plus jeunes qui adhèrent à la console. Les patients plus âgés sont ravis de trouver là l’occasion de partager une activité avec leurs petits-enfants. »
Texte et photo: Sandra Mignot