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La Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) révise les données démographiques de plusieurs professions de santé, notamment celles des infirmières. Résultat : le nombre d’IDE en exercice, en France, serait de 637 000, soit 17 % de moins par rapport à l’estimation de janvier 2021.
En janvier 2021, la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) estimait à 764 000 le nombre d’infirmiers en exercice en France. Dans un récent communiqué, elle évalue cette population à 637 000, soit 127 000 infirmiers de moins qu’annoncé début 2021.
Sous-déclaration des cessations d’activitéUn résultat obtenu à partir des mêmes données, datées du 1er janvier 2021, mais en prenant en considération uniquement les effectifs de moins de 62 ans. En effet, la Drees met en cause « certaines fragilités » du répertoire Adeli – sur lequel les infirmiers devaient s’enregistrer jusqu’à l’an dernier – « dont la qualité s’est nettement dégradée au cours des dix dernières années », entraînant « une surestimation des effectifs en activité ». Cette surestimation serait due à la non-déclaration de cessation d’activité de certains professionnels.
En prenant en compte les moins de 62 ans, la composition des effectifs infirmiers est donc la suivante :
- 123 357 libéraux ou mixtes (au lieu de 135 027) dont 102 430 femmes et 20 927 hommes ;
- 402 864 salariés hospitaliers (au lieu de 490 197), dont 349 742 femmes et 53 122 hommes ;
- 11 423 autres (au lieu de 139 036).
Sur l’ensemble, la profession compte 552 109 femmes (au lieu de 661 502) et 85 535 hommes (au lieu de 102 758).
À noter cependant que cette nouvelle estimation reste incertaine et possiblement en dessous de la réalité puisqu’elle prend en compte uniquement les soignants n’ayant pas encore atteint l’âge légal de départ à la retraite.
Conséquences d’un dysfonctionnementElle met en évidence les failles bien connues d’un système incapable de livrer des données fiables s’agissant des infirmières, situation qui devrait être corrigée avec le passage depuis septembre 2021 au Répertoire partagé des professions de santé (RPPS). L’ordre national des infirmiers (Oni) n’a pas manqué de réagir à cette nouvelle estimation de la Drees, dans un communiqué, rappelant que près de 200 000 infirmières ne sont toujours pas inscrites à l’ordre, une obligation réglementaire pourtant, et un passage obligé pour être enregistré au RPPS. « Alors que la France est confrontée à des difficultés aiguës de recrutement de soignants, il est aberrant que l’on ne dispose pas, aujourd’hui, de données statistiques fiables sur la population infirmière, s’insurge Patrick Chamboredon, Président de l’Oni […]. Ce dysfonctionnement a pour effet direct un défaut de prévision des effectifs et donc de mise en place de ratios soignant/patients, ce qui peut avoir des effets délétères pour la qualité des soins. Par ailleurs, le nombre de places en formation est calculé sur la base d’une projection d’effectifs erronés avec 128 000 professionnels manquants. Comment peut-on imaginer que l’on forme suffisamment d’infirmiers aujourd’hui, alors que les besoins de soins sont appelés à augmenter du fait de l’allongement de la durée de vie ? ».
Autres paramédicaux revus à la baisseD’autres professions paramédicales sont concernées par cette révision à la baisse des estimations, avec un décompte également effectué sur les moins de 62 ans. Le nombre de manipulateurs en radiologie passe de 40 700 à 31 300 soit une réduction de 22 %. Pour les professionnels de la rééducation (diététiciens, ergothérapeutes, orthophonistes, orthoptistes, psychomotriciens), les effectifs totaux sont réduits de 11 %, passant de 83 000 à de 73 800 soignants.
Hélène Trappo
Pour accéder aux données : https://drees.shinyapps.io/demographie-ps/
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Martin L., « Septembre 2021 : les infirmières basculent sur le RPPS », sur espaceinfirmier.fr, le 25/05/2021