Ehpad fermé : le personnel était « dépassé »

02/10/2013

Ehpad fermé : le personnel était « dépassé »

Après avoir constaté de nombreux dysfonctionnements et reçu plusieurs plaintes de familles et de soignants, l’ARS Rhône-Alpes a pris la décision exceptionnelle de fermer pour six mois un Ehpad situé à Bessenay (Rhône). Retour sur les faits.

Dossiers médicaux à l'abandon, erreurs de pilulier, défaut d'hygiène, personnel peu qualifié, fort turn-over… Trop c'est trop : après plusieurs mises en garde, l'ARS Rhône-Alpes a estimé que face à un " risque grave pour la santé " des résidents, l'Ehpad  "Le Calme de l’Etang", à Bessenay (Rhône), devait fermer pour 6 mois. Cet établissement, dont la gestion a été reprise en 2011 par le groupe DomusVi, faisait l’objet d’un suivi régulier par les autorités.

Pilulier à deux noms

Quatre inspections se sont déroulées dans l’établissement en 2005, 2007, 2009 et 2013. " À chaque fois, ces enquêtes avaient pointé des problèmes d'organisation et des mises en demeure avec demande de correctifs avaient eu lieu, explique Cécilia Haas, porte-parole de l'ARS. En 2012 et 2013, nous avons enregistré de plus en plus de plaintes de la part du personnel comme des familles. Nous avons décidé de réaliser une inspection inopinée poussée sur plusieurs jours et sur plusieurs points de vigilance. "

Les résultats sont accablants. " Des dossiers médicaux à l'abandon, peu ou pas remplis, des piluliers avec deux noms de résident, du personnel dépassé par des pathologies trop lourdes en regard des qualifications, une direction impuissante, poursuit Cécilia Haas. Ces mauvaises conditions de travail ont dû pousser certaines personnes à prendre la porte. "

Par ailleurs, hasard ou pas, quatre décès la même semaine, dont trois cas de détresse respiratoire, avaient poussé une déléguée du personnel à tirer la sonnette d'alarme. " Les familles n'ayant pas porté plainte, aucune autopsie n'a été pratiquée pour déterminer la causes de ces décès. Des prélèvements effectués en mai et juin 2013 avaient, en tout cas, conclu à une absence de légionnelle pathogène ", précise l'ARS.

Quid des résidents et du personnel ?

Sur place, la plupart des 64 résidents attendent leur transfert. Du personnel soignant a été appelé en renfort et une administratrice provisoire a été nommée pour gérer l'évacuation des lieux. À l'heure actuelle, deux personnes seulement ont quitté l'Ehpad, 24 familles ont accepté une proposition de relogement, et 40 sont encore en attente de solutions.

Le groupe DomusVi, que nous avons contacté, admet que " certaines des observations et critiques sont fondées ", mais rappelle que " la résidence avait un taux d’occupation supérieur à 90 % et un taux de satisfaction normal selon la dernière enquête Ipsos 2013 ". " Il est important de rappeler qu’il n’y avait pas de sous-effectif sur cette résidence au regard des effectifs conventionnels ", ajoute-t-il, avant de mettre en cause les quotas infirmiers. " Les places ouvertes ne tiennent pas assez compte des besoins des structures sur le territoire pour faire face au nombre de personnes à prendre en charge. Cette donnée concerne tous les établissements de la région. "

Pendant les 6 mois à venir, le groupe écarte une procédure de licenciement pour motif économique collectif. Il explique souhaiter une restructuration forte de l’équipe en place et une réouverture rapide.

Claire Angot

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