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Les résultats des élections aux URPS, proclamés hier soir, confirment le statut de la FNI comme syndicat dominant chez les Idels. Mais la forte abstention et la percée de Convergence infirmière traduisent également une grande insatisfaction de la profession.
À l’issue d’une campagne hors norme, marquée par la crise sanitaire, les représentants des Idels aux Unions régionales des professionnels de santé (URPS) ont été désignés hier soir. Ce scrutin est capital, car il détermine l’équilibre des forces en présence dans les différentes instances, à commencer par les négociations conventionnelles.
À première vue, le légitimisme semble en position de force : les syndicats signataires de la dernière convention, la Fédération nationale des infirmiers (FNI) et le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), totalisent plus des deux tiers des voix. Mais les choses sont en réalité plus compliquées.
Des résultats paradoxauxEn effet, si la FNI totalise 42 % des suffrages (contre 37 % en 2016), arrivant en tête dans 10 régions sur 17, le Sniil, lui, subit une grande déconvenue : il perd 10 points, passant de 35 % à 25 % des suffrages. Et s’il vire en tête dans cinq régions, il s’agit en majorité de territoires comptant en moyenne moins d’inscrits que les autres : Guyane, Martinique, océan Indien, Normandie et Pays-de-la-Loire.
D’autre part, les signes d’une insatisfaction grandissante chez les Idels sont tangibles dans les résultats dévoilés hier soir. Tout d’abord, Convergence infirmière (CI), non-signataire de la dernière convention et très remontée contre la politique menée par les autorités sanitaires ces dernières années, gagne 5 points, passant de 18 % à 23 % des voix. Le syndicat conserve son fief de Provence-Alpes-Côte-d’Azur et ravit la Corse au Sniil. Infin’Idels, nouveau venu dans le jeu syndical et tenant lui aussi un discours particulièrement virulent contre les autorités, recueille 9 % des suffrages.
L’abstention largement en têteMais surtout, le fait majeur de ce scrutin semble être l’abstention. Certes, les Idels n’ont pas pour habitude de se déplacer en masse lors des élections professionnelles : elles n’avaient été que 23 % en 2016. Mais cette année, le taux de participation a chuté sous la barre des 20 %, à 19,8 %.
« Ce taux de participation est assez décevant, surtout pour une profession comme la nôtre, qui peut par certains côtés sembler très revendicative », commente Catherine Kirnidis, présidente du Sniil, qui se dit par ailleurs « forcément déçue » par les résultats obtenus par son syndicat, « largement en dessous de ceux obtenus aux élections précédentes ».
« Nous sommes satisfaits de nos scores, mais sans fanfaronner non plus, car avec 80 % d’abstention, il faut rester humble », déclare pour sa part Ghislaine Sicre, présidente de CI. C’est en effet une question de légitimité que vont devoir désormais affronter les syndicats : comment se poser en représentants d’une profession quand on n’a été élu que par une fraction d’un cinquième de ceux qui l’exercent ?
Adrien Renaud