EMPP de Morlaix : un binôme infirmière-assistante sociale au cœur de la prise en charge

« Notre fonctionnement atypique nous permet de couvrir notre large secteur géographique (130 communes) en portant une réflexion globale sur les situations de précarité sociale et sanitaire vécues par les personnes que nous prenons en charge », rapporte Nelly Morin, l’infirmière de l’EMPP mise en place en décembre 2021.

Créées par une circulaire du 23 novembre 2005 relative à la prise en charge des besoins en santé mentale des personnes en situation de précarité et d’exclusion et à la mise en œuvre d’équipes mobiles spécialisées en psychiatrie, les équipes des EMPP doivent « aller au-devant de ces publics, quel que soit le lieu où leurs besoins s’expriment ou sont repérés afin de faciliter la prévention, le repérage précoce et l’identification des besoins, l’orientation et l’accès au dispositif de soins lorsqu’il est nécessaire ; assurer une fonction d’interface entre les secteurs de psychiatrie et les équipes sanitaires sociales œuvrant dans le domaine de la lutte contre la précarité et l’exclusion ».

Toutes les EMPP ne disposent pas nécessairement d’un temps d’assistante sociale, et lorsque c’est le cas, les professionnelles ne se rendent pas nécessairement sur le terrain. A Morlaix, l’intervention du binôme est déclenchée à la demande de tiers tels que des médecins généralistes, des services hospitaliers, des associations, des structures d’hébergement de migrants ou encore des élus ayant repéré une personne isolée en souffrance psychique et financière. Avant son intervention, le binôme souhaite que le demandeur prévienne la personne. « Ensuite, nous allons à sa rencontre sur son lieu de vie, et il nous appartient de respecter sa temporalité, notamment parce qu’elle n’est pas à l’origine de la demande de prise en charge », insiste Nelly Morin. Les deux professionnelles, qui passent beaucoup de temps sur les routes, ont rapidement constaté « qu’en nous rendant ensemble sur les lieux de vie des personnes, nous balisons leurs besoins beaucoup plus rapidement », ajoute Anaëlle Cam, l’assistante sociale.

Au sein de l’EMPP, l’infirmière n’a pas pour mission de dispenser des soins, sauf à la marge. « J’assure l’évaluation de l’état clinique de la personne, son orientation pour un accès aux soins et je peux l’accompagner à des rendez-vous médicaux si nécessaire », explique Nelly Morin, précisant que des infirmières libérales peuvent être contactées pour effectuer des soins à la rue si nécessaire. L’objectif est de tout mettre en œuvre pour que la personne accepte de se soigner. De son côté, Anaëlle Cam réalise le suivi social avec l’ouverture de tous les droits : en santé (droits à l’assurance maladie), financiers (dossier pour l’obtention du revenu de solidarité active), montage des dossiers Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH), orientation vers des foyers. « Nous sommes avant tout des passeurs, estime l’infirmière. Nous prenons le temps qu’il faut, mais l’objectif est de réorienter les patients dans le droit commun. » Si certains vont facilement y trouver leur place, pour d’autres, plus fragiles, les allers-retours avec l’EMPP sont plus fréquents. Tandis que certains ne parviennent pas à en sortir car trop éloignés du droit commun.

En 2023, 200 patients ont été vus et accompagnés par l’EMPP, sans compter les conseils partagés par le binôme avec des travailleurs sociaux pour une cinquantaine de personnes.

Pour la photo : de gauche à droite : Léna NICOLAS, psychologue, Nelly MORIN, IDE, Anaëlle CAM Assistante sociale.