En 2003, l’ordre des infirmières espagnoles s’est engagé dans un ambitieux programme destiné à former toutes les infirmières d’Espagne à la détection et au traitement des cas de violences conjugales parmi les patientes dont elles s’occupent. Un premier bilan, cinq ans après, montre des résultats très positifs.
La violence domestique exercée contre les femmes, notamment dans le cadre du couple, sont un véritable fléau en Espagne, où 57 femmes en sont mortes depuis le début de l’année 2008. Comme le faisait remarquer Maximo Gonzalez Jurado, le président de l’ordre infirmier espagnol le 25 novembre dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, « les soins infirmiers sont la profession de santé la plus proche des patients et de la société et cette proximité nous facilite l’établissement d’une relation de confiance et de complicité avec les citoyens. C’est essentiel à l’heure de détecter les cas de maltraitance. »
12000 infirmières formées
C’est pourquoi l’ordre infirmier a mis en place un programme de formation spécialisée, conçue par une équipe pluridisciplinaire d’infirmiers, de médecins, de psychologues, de travailleurs sociaux et de juristes et delivrée par l’Ecole des sciences de la santé. A ce jour, 12000 infirmières l’ont suivi. Il se décompose en trois volets : le premier consiste en une étude approfondie de la situation actuelle des violences conjugales en Espagne et du phénomène en général ; le deuxième se fixe pour objectif d’enseigner aux professionnels quels sont les différentes structures et recours mis à disposition des victimes dans chaque communauté autonome espagnole et le troisième, plus pratique, forme les infirmières à l’utilisation et à l’application d’un protocole d’action face à une victime de violence.
Résultats spectaculaires
Dans un premier temps, le projet pilote a été expérimenté dans un hôpital universitaire de Madrid et dans deux centres de santé. Les résultats en ont été spectaculaires. Ainsi, à l’hôpital madrilène où 100% des personnels infirmiers ont été formés, 60 cas de violences conjugales ont été détectés en un mois et demi, soit quatre fois plus que l ‘ensemble des cas détectés pendant toute l’année 2004. Face à un tel succès, l’instance ordinale s’est engagée à mettre tout en œuvre pour étendre ce programme aux 240000 infirmières d’Espagne. Un regret cependant : le manque d’appui concret des autorités sanitaires et administratives malgré de belles paroles de soutien.
Traduit par Cécile Almendros, d’après l’article d’Inigo Lapetra, « Actuacion enfermera contra la violencia de género », dans Enfermeria Facultativa n°121, décembre 2008.