Essonne : des infirmières obtiennent leur « permis de prescrire »

21/02/2013

Essonne : des infirmières obtiennent leur « permis de prescrire »

Le département francilien vient de valider un protocole de coopération permettant aux soignantes des centres de prévention et de santé de prescrire et réaliser des vaccinations et des dépistages.

Le 11 février, le conseil général de l’Essonne (Ile-de-France) a officiellement signé un protocole de coopération entre médecins et infirmières. Originalité : c’est la première fois qu’un département est partie prenante d’une coopération. Sont concernés, en effet, les quatre centres de prévention et de santé du département.

Les onze infirmières territoriales de ces centres pourront, à compter du mois de mars, prescrire et réaliser des vaccinations et des dépistages du sida, de l’hépatite B, de l’hépatite C et de la syphilis, mais aussi remettre les éventuels résultats négatifs de ces sérologies. Le président du conseil général, Jérôme Guedj (PS), s'est félicité, dans un communiqué, de ce « permis de prescrire » accordé dans le cadre de la « consultation infirmière de prévention de l’Essonne ».
 
« Gagner en autonomie »
 
« Ce projet est parti du terrain avant d’être repris par l’institution », explique Stéphane Blanchard, référent infirmier du protocole et cadre de prévention en santé. En 2009, le centre départemental de prévention et de santé d’Etampes a lancé une consultation infirmière de prévention gratuite auprès de publics précaires orientés par la mission locale : chômeurs, bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), de la couverture maladie universelle (CMU), jeunes en voie d'insertion, SDF ou migrants. « À l’époque, nous manquions de médecins. L'ensemble des missions dépendant des prescriptions médicales, il était important pour les infirmières de gagner en autonomie et de valoriser leurs compétences », rappelle Stéphane Blanchard.

Ces premières consultations restent centrées sur le cœur du métier infirmier. Elle consistent en un long entretien d’une heure environ, balayant tous les champs de la prévention infirmière : évaluation sociale, couverture vaccinale, addictions, sexualité et contraception, hygiène de vie, etc. À l’issue de la consultation, le patient est réorienté vers un ou des professionnels de santé, ou encore invité au dépistage ou à la mise à jour de ses vaccinations. Ces patients rencontrant des difficultés sociales s’égarent souvent dans le parcours de soin : « Seuls 25 à 45% des dépistages préconisés sont réalisés », révèle Stéphane Blanchard.

Dès 2010, les infirmières du centre départemental de prévention et de santé d’Étampes ont obtenu l’autorisation d’expérimenter la prescription et la réalisation du dépistage. Le résultat est spectaculaire : « 90 % des patients acceptent de se faire dépister au cours de la consultation », poursuit l’infirmier référent.
 
Une prime pour les volontaires
 
S’appuyant sur cette expérimentation réussie, un protocole de coopération est soumis à l’ARS Ile-de-France en 2011, élargi à la prescription et à la réalisation de vaccinations. Les services juridiques du département suivent le dossier. Et en août 2012, l’arrêté est signé par le directeur général de l’ARS, Claude Evin. S’ensuit une période de formation des infirmières. « Elles se posaient des questions sur l’évolution de leurs pratiques et sur leurs responsabilités, explique Stéphane Blanchard. Le conseil général a accepté de valoriser cette prise de compétences en leur accordant une prime. Les infirmières restent libres d’adhérer à la coopération, mais toutes sont volontaires, comme les cinq médecins des centres, après une période d’interrogations. »

Caroline Coq-Chodorge

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