« Etudiants en stage, pas esclaves ! »

21/11/2011

« Etudiants en stage, pas esclaves ! »

Bourses non revalorisées, indemnités de stages dérisoires... Réunis pour leur 11ème congrès national du 17 au 20 novembre à Amiens, les étudiants en soins infirmiers ont interpellé les représentants du ministère et des régions sur la faiblesse des aides sociales.

La table ronde, à l'intitulé finement provocateur - « Les étudiants en soins infirmiers sont-ils des para-étudiants ? », fut l'un des points forts du dernier congrès de la Fédération Nationale des Etudiants en Soins Infirmiers (Fnesi). La conseillère pédagogique nationale pour le ministère de la Santé, Monique Monguillon, et la représentante de l'association des régions de France (AMF), Céline Courtois, avaient fait le déplacement pour répondre aux questions des étudiants. Vice-présidente de la Fnesi en charge des questions sociales, Elodie Poucet a rapidement donné le ton de la rencontre, fustigeant les différences de traitement entre ESI et autres étudiants de l'enseignement supérieur. Selon la Fnesi, la non-revalorisation depuis 2005 des bourses étudiantes octroyées par les régions est en effet responsable d'un écart moyen de 20% entre les bourses accordées aux ESI et celles des autres étudiants de l'enseignement supérieur. « Résultat, de nombreux étudiants de première année arrêtent leurs études en raison de difficultés financières », s'est-elle indigné. Seules trois régions en France ont aligné le montant de leurs bourses sur celles de l'enseignement supérieur. « Nous essayons de les revaloriser, mais nous n'avons aucune compensation de l'Etat », s'est défendue la représentante des régions.  
 
Indemnités de stage dérisoires
Aux bourses d’étude non revalorisées s’ajoute l’insuffisante gratification des stages, ont rappelé les étudiants. La gratification des stages des ESI n'a en effet pas suivi la loi dite sur l'égalité des chances, qui prévoit des rémunérations de l'ordre d'un tiers du SMIC pour les stages étudiants. Les indemnités des étudiants en soins infirmiers sont actuellement de 23 euros par semaine en première année, et de 40 euros en troisième année. Les étudiants, qui pallient dans certains établissements la pénurie infirmière, font pourtant un vrai travail soignant. « Nous sommes des étudiants en stage, pas des esclaves », a clamé l'un d'entre eux, dans un amphithéâtre surchauffé. « Un étudiant infirmier vaut actuellement 66 centimes de l'heure », a renchérit un autre dans un tonnerre d'applaudissements. Endossant la casquette de représentante du ministère de la Santé, Monique Monguillon a tenté de répliquer, estimant que les ESI étaient mieux lotis que d'autres étudiants paramédicaux puisqu'ils bénéficient à la fois d'indemnités de stage mais aussi de frais de remboursements des frais de transport.  « Nous sommes en train de voir si nous pouvons modifier la loi afin que vous puissiez bénéficier d'indemnités revalorisées », a-t-elle précisé. Souhaitant calmer la colère de la salle, Monique Monguillon a rappelé que ces indemnités de stage sont payées par les établissements de santé, et que ceux-ci connaissent aujourd'hui de grandes difficultés financières. Mais les étudiants doivent-ils pour autant faire les frais des choix ministériels en matière de maîtrise des dépenses de santé ?
 
Une intégration universitaire laborieuse
Autre motif de gronde estudiantine, l’intégration universitaire ! Les étudiants estiment que la réforme des études n’a pas encore permis une réelle intégration. En mai dernier, ils étaient déjà descendus dans la rue pour le dire, obtenant du ministère la mise en place d’un groupe de travail sur le sujet. « Pourquoi nous reconnaître uniquement un grade licence à l’issue de nos études ? », s’est indigné le vice-président de la Fnesi, Jonathan Nagode, lors de la table-ronde consacrée à l’intégration universitaire. « Un diplôme national de licence permettrait la création d’une vraie filière », a-t-il continué. La représentante du ministère de la santé a cependant rappelé que le grade licence ouvre la possibilité de s’inscrire en master et doctorat.
« Nous allons être diplômés dans six mois, certains Ifsi n’ont toujours pas signé de convention avec les universités », s’est aussi inquiétée une étudiante. D’après Loïc Vaillant, représentant de la Conférence des Présidents d’Université (CPU), ces blocages ne concernent plus que deux régions. « Nous allons tout mettre en œuvre pour que toutes les conventions soient signées », a assuré Monique Monguillon. « Il n’est pas pensable que des étudiants soient ainsi pris en otages »

Joëlle Maraschin

 

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