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Le Syndicat national des infirmier(e)s anesthésistes (Snia) a profité de la rentrée pour mettre en garde les étudiants infirmiers sur les équivalences de diplômes. Un certain nombre d’entre eux partent se former à l’étranger pour devenir infirmiers anesthésistes sans pour autant être assurés de pouvoir ensuite exercer en France.
« En fin d’année scolaire, il est courant que le Snia reçoive des appels d’infirmiers, partis étudier l’anesthésie dans un autre pays de l’Union européenne (UE), qui se retrouvent en difficulté pour valider leur diplôme », rapporte Madjid Belahrizi, trésorier du Snia. Le problème ? Dans certains pays, notamment en Belgique et en Espagne, la formation n’est pas du même niveau qu’en France.
DES FORMATIONS DE NIVEAUX DIFFÉRENTS
Les critères pour exercer en tant qu'Iade en France restent spécifiques et stricts. Le diplôme est adossé à un grade Master 2, avec un volume horaire de plus de 3200 heures équivalent à 120 ECTS (Système européen de transfert et d'accumulation de crédits). Son contenu est également uniformisé au niveau national. Or, de nombreux pays tendent à proposer des formations d'un volume horaire moindre et atteignant seulement 60 ECTS. De plus, « contrairement à ce que disent des écoles privées étrangères, l'obtention d'un diplôme d'anesthésie d’un an cumulé à un autre diplôme d'urgence d’un an ne permet pas d'obtenir l’équivalence du diplôme Iade en France », prévient Madjid Belahrizi.
NON RECONNAISSANCE DU DIPLÔME
La France n'accorde pas automatiquement la reconnaissance aux diplômes d’Iade obtenus à l'étranger, y compris au sein de l’UE. Les titulaires de diplômes étrangers souhaitant exercer en France doivent obligatoirement se soumettre à une procédure de reconnaissance de diplôme auprès des autorités compétentes françaises à savoir les Directions régionales interdépartementales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DRIEETS). Cette procédure inclut une évaluation des compétences théoriques et pratiques et aboutit généralement à une demande d'évaluation et une formation complémentaire pouvant aller jusqu'à des périodes de stages d'une durée de 24 mois ; des mesures bien souvent décourageantes. Toutefois, le Snia rappelle que le non-respect de cette procédure peut entraîner des poursuites judiciaires. « La sécurité des soins d'anesthésie passe par une formation équivalente à celle qui permet en France d'obtenir les compétences nécessaires à la pratique de l’anesthésie », insiste le syndicat.
SE RENSEIGNER EN AMONT
« Les étudiants doivent bien se renseigner en amont sur les conditions de reconnaissance de diplômes avant d’entreprendre une formation à l’étranger, car certaines écoles laissent sous-entendre des possibilités d’équivalence, pouvant donner lieu à des déconvenues lors de leur retour en France », met en garde Madjid Belahrizi. Des infirmiers se laissent généralement convaincre par l’attrait de la facilité puisque les formations étrangères, souvent d’une durée d’un an – au lieu de deux ans en France – sont accessibles sans concours et ne requièrent pas d’expériences professionnelles en amont, contrairement aux écoles françaises. Mais le gain est de courte durée puisque si les infirmiers ne peuvent pas exercer en France, ils auront perdu du temps et de l’argent.
Laure Martin