Hausse de l'espérance de vie, diminution de la mortalité due aux cancers, augmentation du nombre de médecins et d'infirmières... Ces dix dernières années, la santé des Européens s'est améliorée. Un tableau assombri par la crise économique.
Depuis 1980, les Européens ont gagné six ans d'espérance de vie à la naissance. Selon l'édition 2012 du Panorama de la santé (le document, en anglais), publiée en fin d'année par l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la moyenne en 2010 était de 75,3 ans pour les hommes et de 81,7 ans pour les femmes. Les Françaises décrochent la palme de la longévité, avec une espérance de vie à la naissance de 85 ans.
Le tabac recule, l'obésité progresse
Un gain en partie dû à l'amélioration de la qualité de la prise en charge et de l'accès aux soins. Le taux de mortalité suite à une hospitalisation pour attaque cardiaque a chuté de près de 50 % entre 2000 et 2009 ; celui des AVC a diminué de 20 %. Grâce aux progrès du dépistage et à l'efficacité accrue des traitements, les Européens guérissent mieux du cancer. Le taux de guérison du cancer du sein a ainsi progressé de plus de 10 points en Slovénie et en République tchèque, entre 2002 et 2009. La consommation d'alcool et de tabac a diminué dans la majorité des pays. En dix ans, le nombre de fumeurs quotidiens en France a chuté de 13,7%.
En revanche, les maladies chroniques gagnent du terrain. En 2011, au sein de l'Union européenne, 6 % des 20-79 ans étaient diabétiques, soit 30 millions de personnes. La prévalence du surpoids et de l'obésité continue d'augmenter : 52 % de la population adulte de l'UE est en surpoids et 17 % est obèse. En France, le taux d'obésité chez les adultes est passé de 5,8 % en 1990 à 12,9 %, l'un des plus bas d'Europe, en 2010.
Des infirmières plus nombreuses
Le nombre de médecins et d'infirmières a progressé ces dix dernières années. En 2010, il y avait, en moyenne, 3,4 médecins pour 1000 habitants dans les pays de l'UE, contre 2,9 en 2000. Si, en France, le nombre de médecins par habitant est resté stable (3,3), le nombre d'infirmières a augmenté de 2,4 %. En 2010, il y avait 8,5 infirmières pour 1000 habitants. C'est près de deux fois plus qu'en Espagne (4,9) ou en Grèce (3,3), mais beaucoup moins qu'en Suisse (16) ou en Belgique (15,1).
Malgré les efforts réalisés pour former davantage de soignantes et renforcer l'attractivité de la profession, la pénurie guette encore dans de nombreux pays. Une pénurie qui ne fera que s'aggraver avec la hausse continue de la demande en soins infirmiers, due au vieillissement de la population, et le départ à la retraite des infirmières issues de la génération du baby boom. En Allemagne, une fondation sociale a récemment estimé dans un rapport qu'il manquera 500 000 infirmières en 2030.
Le spectre de la crise
Pourtant, relève l'OCDE, « certains pays durement frappés par la crise économique ont réduit les effectifs infirmiers ». C'est le cas de l'Estonie, dont le nombre d'infirmières pour 1000 habitants est passé de 6,4 en 2008 à 6,1 en 2010, alors qu'il n'avait cessé d'augmenter jusque-là. Au Royaume-Uni, le Royal college of nursing, principal syndicat infirmier, s'est récemment alarmé de la multiplication des licenciements d'infirmières ; dans le secteur public hospitalier, la rigueur budgétaire menacerait plus de 60 000 postes (1).
De manière générale, la progression des dépenses de santé par habitant a considérablement ralenti, voire a chuté (-7,9% en Irlande, -6,7% en Grèce), depuis 2009. Alors qu'en moyenne, elles avaient augmenté de 4,6% entre 2000 et 2009, elles ont diminué de 0,6% en 2010. Reste à savoir quelles en seront les conséquences sur la santé des Européens.
Aveline Marques
1- A lire dans L'Infirmière Magazine, à paraître le 15 janvier.