Ex-aidant, médecin, Vincent Valinducq livre ce qui l’a aidé à “garder la tête hors de l’eau” | Espace Infirmier
 
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30/05/2024

Ex-aidant, médecin, Vincent Valinducq livre ce qui l’a aidé à “garder la tête hors de l’eau”

À l’occasion d’une rencontre organisée lors du Salon infirmier et animée par la consultante Nada Nadif, le généraliste médiatique a partagé quelques conseils issus de ses 14 années d’aidance.

Son parcours télé (France 5, France 2, TF1) lui a donné une visibilité. Vincent Valinducq, généraliste, consultant en santé, auteur, s’en sert pour confier au plus grand nombre les solutions qu’il a utilisées pour “garder la tête hors de l’eau”, lors de ses 14 années d’aidance, dans l’espoir qu’elles servent à d’autres. Car si “chaque histoire diffère”, “nous rencontrons tous les mêmes problématiques”. 

Deux déviations

Sa trajectoire a connu deux déviations. La première était souhaitée : à 24 ans, le gamin issu d’une “famille de dockers”, qui avait commencé à travailler à 18 ans sur le port du Havre, décide d’intégrer médecine. Renouant avec son rêve de gosse : “Devenir docteur”. Il obtiendra son doctorat à 33 ans.

La deuxième déviation a été subie. Il a 26 ans, est en 3e année, quand sa “jeune maman” - 50 ans - déclare les premiers symptômes d’une maladie apparentée à Alzheimer. S’ensuit pour lui, son frère, son père, une plongée de 14 ans dans l’aidance. Celle-ci, installée “de manière sourde et sournoise”, prend de l’ampleur au fil du temps, comme la maladie.

Toutes ces années, il s’est, malgré sa fonction, senti “extrêmement seul”, face à ce “parcours du combattant”. Alors après le décès de sa mère en avril 2022, de son père un mois plus tard, Vincent Valinducq écrit pour aider les autres. “Je suis devenu le parent de mes parents” (1), paraît en septembre 2023. Il pourrait être adapté à l‘écran.

Accepter d’être aidé

Par ce biais, le médecin espère permettre à certains de se reconnaître comme aidants. Pour le trio familial, cela n’a pas été une évidence. Souvent en effet, “on considère normal d’aider des personnes qu’on aime”. Or, pose-t-il, ça ne l’est pas de s’investir autant, d’avoir une telle charge mentale, d’être hypervigilant en permanence. Il insiste donc pour que les aidants acceptent d’être aidés. Le trio a, comme d’autres, eu des réticences, estimant que cela revenait à “quitter le bateau, à aimer un peu moins”. Mais s’ils ont par exemple refusé jusqu’au bout l’institutionnalisation de leur femme/mère, cela s’est fait “au prix d’un énorme sacrifice”.

Vincent Valinducq l’assure : “Il y a des solutions. Peu nombreuses, éparpillées [le guichet unique annoncé par la ministre Aurore Bergé promet d’y remédier], mais elles existent” : financières, matérielles, structurelles, humaines. Lui a bataillé trois ans avant que son père accepte de faire appel à une auxiliaire de vie. L’arrivée de Sandrine, alias “Mary Poppins”, leur fera “un bien fou”. Pour faire tomber les réserves de l’aidant, le médecin conseille de mettre en avant “les avantages pour l’aidé ”. Même si Sandrine a aussi permis au trio, un peu déchargé, d’être plus réceptif “aux moments, de plus en plus rares, où elle [la mère de famille] se mettait à sourire”.

Ne pas s’isoler

Un tel combat ne laisse pas indemne. Son père “y a laissé la vie” à 67 ans. Un mois après sa mère, 64 ans. Vincent Valinducq, lui, y a “laissé des plumes”. Il enjoint donc tout aidant à “prendre soin de sa santé”, préalable pour prendre soin des autres. S’il a, à l’époque, refusé l’antidépresseur, il s’est entouré d’une psychologue. Et s’il n’a pas consulté son médecin, il affirme que, quand on est dans une situation d’aidance, la porte du généraliste est “l’une des premières à pousser”. La formation à ce sujet n’est pas “encore optimale”, mais les professionnels y sont plus sensibles, juge-t-il. Lui, quand il reçoit un duo aidé/aidant, demande en fin de consultation à ce dernier comment il va, puis le revoit en rendez-vous, seul.

Le consultant en santé appelle aussi les aidants à “prendre soin de soi”, injonction qui le hérissait à l’époque, mais pertinente. Lui a trouvé dans le chant un moyen de s’évader. Il avise aussi de ne pas s’isoler. De ses amis, par peur de les embêter. De ses collègues, pour ne se consacrer qu’à l’aidance - le travail a été sa “bulle d’air”. Enfin, il entend soulager les aidants d’un peu de leur culpabilité : “Chacun fait ce qu’il peut, avec les moyens qu’il a”, martèle-t-il. Autant de conseils qui devraient parler aux soignants, qui côtoient des aidants au quotidien, et le sont aussi souvent. Ils les invitent à rester attentifs. D’autant que les projections établissent qu’en 2030, un actif sur quatre sera aidant”.

Pauline Machard

1. Valinducq Vincent Je suis devenu le parent de mes parents – Editions Stock – 2023

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