Le président de la Fédération nationale des infirmiers estime que les débats sur la médecine de ville sont « médico-centrés » et critique les transferts de compétence.
A l’occasion d’un colloque sur le "renouveau des soins primaires", organisé vendredi 10 décembre par le groupe Galilée au Conseil régional d’Ile-de-France, Philippe Tisserand a exprimé sa crainte que le transfert de compétences n’ait pour effet de « déstabiliser le secteur organisé des soins infirmiers libéraux ».
Le président de la FNI a critiqué une approche « médico-centrée » du débat sur les soins primaires, estimant que la seule prise en compte de l’attractivité de la profession de médecin généraliste risquait d’orienter les solutions sur le nombre de médecins et non sur la nature de leur activité.
Alors que la plupart des médecins généralistes présents au colloque ont évoqué les difficultés de la profession, Philippe Tisserand a rappelé que, par contraste, l’exercice libéral infirmier était « très attractif ». « Nous étions 41.000 en 1991, 52.000 en 2001 et 72.000 aujourd’hui », a-t-il indiqué, ajoutant que 82% des infirmières libérales travaillent en exercice regroupé sur la même patientèle « pour répondre à la contrainte de la continuité des soins, plus forte que celle de la permanence des soins. »
« Les médecins qui travaillent regroupés partagent des moyens, des murs, une secrétaire, mais ne travaillent pas sur la même patientèle », a-t-il avancé.
Partage plutôt que transfert
Selon Philippe Tisserand, l’exemple des infirmières contredit par ailleurs la thèse selon laquelle la féminisation du corps médical serait un obstacle à l’exercice libéral.
Critiquant les « transferts de compétences » qui pourraient aboutir, selon lui, à « transférer aux infirmières des tâches de secrétariat », il s’est félicité du projet belge de « dossier partagé » accessible aux infirmières libérales et aux médecins, et du modèle québécois de « prescriptions partagées ».
« Nous n’avons pas besoin de transferts de tâches (1), mais de partager des compétences et des informations », a-t-il ajouté, citant l’exemple de la revaccination antigrippale, où c’est l’usager qui choisit de s’adresser à un médecin ou à une infirmière.
Texte: Adrien Le Gal
Photo: FNI
1 - Remis le 26 novembre au président de la République, le rapport sur la médecine de proximité de l'ancienne ministre de la Santé Elisabeth Hubert estime ainsi qu'il convient de « rechercher les modalités d’un transfert de tâches vers d’autres professions de santé afin de dégager du "temps médical" et permettre aux médecins de se recentrer sur ce qui constitue leur coeur de métier et leur véritable valeur ajoutée» (p. 67).