Le député UMP de l’Aisne Xavier Bertrand a été nommé dimanche ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé. Roselyne Bachelot passe aux Solidarités et à la Cohésion sociale.
A 45 ans, l’élu de Saint-Quentin, plutôt apprécié du monde médical, fait son retour au gouvernement après avoir occupé les fonctions de secrétaire d’Etat à l’Assurance-maladie, sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, puis ministre de la Santé et des Solidarités sous Dominique de Villepin et ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité sous le gouvernement Fillon I. Son arrivée à la Santé signe le départ de Roselyne Bachelot, nommée ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale.
M. Bertrand sera épaulé par Nora Berra, 47 ans, nommée secrétaire d’Etat chargée de la Santé. Cette Lyonnaise d’origine, titulaire d’un doctorat en médecine, occupait depuis juin 2009 le poste de secrétaire d’Etat chargée des aînés, d’où elle a lancé un grand chantier sur la prise en charge de la dépendance. Spécialisée en pharmacologie clinique, elle a enseigné dans deux écoles d’infirmières lyonnaises de 1992 à 1999. A noter qu’en tant que nouveau secrétaire d’Etat auprès de la ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, le turbulent Frédéric Lefèbvre, très proche de Nicolas Sarkozy, hérite, parmi une multitude de dossiers, des professions libérales.
Le nouveau ministre de la Santé a d’ores et déjà indiqué qu’il poursuivrait les réformes de l’hôpital engagées par Roselyne Bachelot dont le mandat restera marqué par le vote de la loi «Hôpital, patients, santé et territoires», une réforme qualifiée d'«indispensable» par Xavier Bertrand. Son autre grand chantier sera de «moderniser, simplifier et faciliter les conditions d’exercice de la médecine de proximité» qui «a besoin d’attention», a-t-il jugé, affirmant qu’«on marche bien sur ces deux jambes: l’hôpital et la médecine de proximité».
La FHF inquiète
Au chapitre des réactions à la nomination de M. Bertrand, le délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF) Gérard Vincent s’est déclaré «très inquiet pour l’hôpital public», car, a-t-il jugé, «il est clair que Xavier Bertrand va cultiver les médecins libéraux, notamment ceux travaillant dans les cliniques».
Le Syndicat national des cadres hospitaliers a pour sa part insisté sur la nécessité de « remobiliser » les personnels de la fonction publique hospitalière profondément déçus par «l’accumulation de promesses non tenues» ainsi que de motiver les cadres qui sont «moteurs de tous les changements». Le Centre national des professions de santé juge lui que «les libéraux de santé attendent un changement de cap profond qui passe par la réparation des mesures injustement pénalisantes et le retour d’une logique de construction basée sur le dialogue et le respect».
A bientôt 64 ans, l’ancienne locataire de l’avenue de Ségur Roselyne Bachelot part sur un bilan mitigé, marqué par la modification de la gouvernance hospitalière et la création des agences régionales de santé ainsi que par sa gestion très critiquée du dossier de la grippe A(H1N1).
On retiendra de ce remaniement ministériel la perte d’autonomie de la Santé, rattachée en troisième position à un grand ministère du Travail et de l’Emploi… A moins que cette association n’annonce une véritable réflexion sur la réforme de la santé au travail, que le Conseil constitutionnel a censurée le 9 novembre dernier, estimant qu’en l’état – c’est à dire réduite à quelques articles noyés dans la loi portant réforme des retraites – il ne s’agissait ni plus ni moins que d’un « cavalier législatif ».
Cécile Almendros (avec APM)