Les trophées du concours artistique « Expressions de vie », destiné aux personnes sous chimiothérapie et à leur entourage, ont été remis le 28 avril à Paris.
Seuls six artistes ont été récompensés, mais tous ont su toucher le jury. C’est pourquoi Martine Allain-Régnault, maîtresse de cérémonie de la remise des trophées « Expressions de vie », le 28 avril, a tenu à remercier les quarante-deux participants à ce concours artistique. Soignants, patients, membres de l’entourage… Ils n’ont qu’un point commun : tous luttent contre le cancer. Et ils ont su traduire ce combat sous forme de peintures, sculptures, textes littéraires ou photographies.
Depuis le lancement du concours dans 170 services de cancérologie en France, début 2008, quatre-vingt-deux réalisations ont été mises en ligne dans la galerie virtuelle créée pour l’occasion. « On a vu une incroyable palette, un peu comme les états d’esprit par lesquels on passe quand on est malade », a assuré Martine Allain-Régnault, qui a elle-même été atteinte d’un lymphome. Le jury, pour faire son choix parmi ces œuvres « belles, touchantes, parfois pessimistes mais toujours vivantes », a donc dû se concentrer sur cinq critères : la pertinence par rapport au thème, la qualité de vie pendant la chimiothérapie, l’originalité du traitement, l’expression artistique et enfin l’émotion dégagée.
Mirella, médecin au service d’oncohématologie de l’hôpital Pasteur de Colmar (Haut-Rhin), a ainsi été récompensée pour son tableau Mémoire sensuelle. Cette composition abstraite, où une sorte de boule de feu se détache sur des couleurs froides, évoque pour elle « la mémoire qui fait que quand on est face à la maladie, on essaie de se repasser de bons souvenirs ». Danièle, de Villeneuve-le-Comte (Seine-et-Marne), dont le frère est récemment décédé d’un cancer, a choisi d’exprimer sa douleur sous forme d’un poème. Dans Je n’ai pas pu, elle explique son impuissance face à la maladie, ces « maux méchants / au développement envahissant ». Quand Monique, de Beauchemin (Jura), s’est avancée sur l’estrade pour recevoir le dernier prix décerné à l’entourage d’un patient, elle a révélé que le trophée revenait en fait à son compagnon, Jean-Louis, atteint d’un cancer. Visiblement très ému, il est donc venu parler de son tableau Explosion. « A l’annonce de la maladie, ma maison a explosé, a-t-il commenté. Mais maintenant, je vois le ciel. »
Denise, de Buhl (Haut-Rhin), a ensuite été primée pour une série de quatre sculptures réalisées en atelier d’art thérapie. Thérapie curative montre la découverte du cancer, la décision de se battre, l’obligation de se libérer de ses contraintes et enfin la sérénité face à la mort. « Moi qui intellectualisait tout, cette fois, ce sont mes mains qui ont parlé », a-t-elle expliqué. Plus qu’une thérapie, la création de Tête à tête, l’œuvre littéraire d’Isabelle, de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), a été un vrai déclic dans sa vie. Après avoir écrit sur ses cheveux qui lui manquaient et sur son petit garçon, qui « ne voulait plus de sa maman » car il ne la reconnaissait pas, elle a décidé de changer de métier. Aujourd’hui, elle commence à vivre de sa plume. En recevant son trophée, elle a tenu à en adresser un autre au personnel soignant : « J’ai ce prix entre les mains, mais vous, vous avez notre vie entre les vôtres. » Enfin, Armelle, de Plérin (Côtes-d’Armor), l’une des quatre candidats dans la catégorie multimédias, a été récompensée pour Ombre et lumière. Cette photographie, sur laquelle on voit le soleil se coucher sous un pont, représente « le carcan de la maladie et les difficultés de la nouvelle position sociale des malades ». Mais comme l’a fait remarquer Martine Allain-Régnault, dans cette œuvre lumineuse, il y a « plus de place pour l’espoir que pour le désespoir ».
Hélène Colau