À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, ce lundi 4 février, la Fondation ARC a présenté les résultats de deux enquêtes menées auprès des Français sur leur perception du cancer et leurs comportements en matière de prévention.
« Je connais les risques, mais je n’en tire aucune conséquence sur mon comportement, car je ne peux rien faire contre la pollution ou l’hérédité. » C’est ainsi que Jacques Raynaud, président de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer, résume la principale idée reçue des Français en matière de prévention des cancers.
Deux enquêtes (1), réalisées par Ipsos, viennent en effet d’être publiées sur le sujet. Elles montrent que 70 % des personnes interrogées affirment n’avoir jamais mis en place d’action spécifique pour réduire leur risque de développer un cancer. Parmi elles, 75 % estiment qu’elles peuvent tomber malade quels que soient leurs efforts (52 % de l’ensemble de la population interrogée) et 50 % pensent ne pas avoir un mode de vie risqué. Sans surprise, le tabac est reconnu comme un facteur de risque élevé (cité par 84 % des sondés), suivi de près par les produits chimiques et la pollution (70 %), puis l’exposition aux UV (56 %) et la consommation d’alcool (53 %).
40 % des cancers diagnostiqués chaque année sont évitables
L’enquête qualitative révèle, par ailleurs, une image ambivalente du cancer, oscillant entre l’espoir généré par les campagnes de dépistage, l’amélioration des pronostics ou les progrès de la recherche et le défaitisme produit par la multiplication des facteurs environnementaux (pesticides, pollution, OGM, etc.), la dégradation des modes de vie, voire un complot des grandes industries capitalistes. « Sur notre plateforme Internet, les internautes estiment également que les informations en matière de prévention sont contradictoires et qu’ils manquent d’information sur les prédispositions génétiques », note Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation ARC.
Pourtant, 40 % des cancers diagnostiqués chaque année sont évitables par une modification du comportement. « Les facteurs héréditaires ne sont à l’origine que de 5 à 10 % des cancers », souligne Jacques Raynaud. Les risques environnementaux non contrôlables ont une incidence comparable. « En fait, il apparaît que lorsque les personnes modifient leur hygiène de vie, c’est davantage pour prévenir le risque cardio-vasculaire ou le surpoids », poursuit ce dernier. La plupart du temps, ces actions consistent à participer régulièrement à des dépistages (42 % des sondés) ou en une surveillance de l’alimentation (35 %). Viennent ensuite l’arrêt ou la réduction du tabac (26 %) et l’exercice régulier (23 %). Une chance : ces comportements ont également une incidence sur la probabilité de développer un cancer… Mais, ils sont surtout le fait de personnes âgées de plus de 45 ans et présentant déjà un risque cardio-vasculaire.
Vers une « prévention personnalisée »
Forte de ces constats, la Fondation ARC a donc choisi d’augmenter ses financements en direction de la recherche en prévention. « Nous nous dirigeons, notamment, vers la prévention personnalisée », résume Jacques Raynaud. Des chercheurs travaillent à l’élaboration de modèles de calcul de risques précis et évolutifs, ainsi qu’à l’élaboration de programmes adaptés à chaque profil de risque. Des recherches en sciences humaines et sociales contribueront à analyser les déterminants psycho-sociaux de la prévention. « Il faut clarifier les messages, identifier les freins à la prévention et aider à hiérarchiser correctement les risques », explique le Dr Suzette Delaloge, oncologue à l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif).
Sandra Mignot
1- Les données sont issues : d’un sondage Ipsos réalisé les 14 et 15 décembre 2012 sur un échantillon représentatif de 1 022 personnes de 15 ans et plus ; de trois réunions de groupes en novembre 2012 (grand public, patients/aidants et médecins généralistes) ; d’un site de consultation publique (www.preventiondescancers.org).