27/10/2009

Face au cancer, la gestion prévisionnelle des risques

Selon l'InCa, 30% des cancers pourraient être évités avec une meilleure prévention primaire et des dépistages efficaces.

En 2008, 12,4 millions de nouveaux cas de cancer et 7,6 millions de décès se sont déclarés dans le monde. Les prévisions pour 2050 avancent le chiffre de 25 millions de nouveaux malades. 30% des cancers pourraient être évités. «En réalité, précise le Dr Christopher Wild, directeur général du centre international de recherche sur le cancer, 80, voire 90% des cancers sont liés au mode de vie, donc pourraient aussi être évités.» Ces chiffres suffisent à comprendre l’urgence d’agir en amont, sur la prévention primaire pour limiter certains facteurs de risques, et secondaire avec des dépistages efficaces.

Des actions ciblées
La gestion prévisionnelle des risques est notamment primordiale pour combattre les cancers professionnels, potentiellement évitables. Il faut donc mettre en place des actions ciblées auprès des salariés des entreprises à risque. La réglementation européenne Reach, relative à l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des produits chimiques, va déjà dans ce sens. De même, selon le professeur Gérard Lasfargues, directeur général adjoint scientifique de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail, «la règlementation française concernant les agents cancérogènes n’est pas mal faite, dans la mesure où il y a obligation, pour l’employeur, de moyens et de résultats même face à un risque suspecté. Il faut faire remonter les exemples des entreprises qui s’engagent dans la substitution de ces agents cancérogènes.»

La stratégie de biosurveillance est aussi à améliorer : «Quand on découvre une contamination environnementale, explique le docteur Françoise Weber, directrice générale de l’Institut de veille sanitaire, on a besoin de connaître ses conséquences sur la population, mais on manque de référence. Par exemple, dans le cas de la contamination des rivières par les polychlorobiphényls (PCB), on ne sait pas mettre le taux de PCB en rapport avec le développement de certains cancers. Il faudrait pouvoir dire au patient : «Vous êtes plus ou moins infecté, vous êtes plus à risque», et pas seulement «Vous avez un taux de PCB de tant».

Une surveillance épidémiologique

En parallèle de la gestion prévisionnelle des risques, l’accent doit être mis sur la surveillance épidémiologique des cancers : connaître leur récurrence par type, leurs augmentation, et évaluer la part attribuable des facteurs de risque (environnement, génétique…). Des outils tels que le registre du cancer, recueil de données continu par région, financé par l’InVS et l’InCa, peuvent aider. Mais ce registre, lourd, coûteux et peu réactif, couvre seulement 18% de la population. Avoir recours à d’autres outils s’avère nécessaire : le système multisources automatisé de surveillance des cancers ainsi que les données des anatomo-cytho-pathologistes.

Le développement de la surveillance et de la prévention des risques suppose un budget conséquent. Christopher Wild rappelle ainsi que Charles de Gaulle souhaitait que 0.5% du budget de la défense de chaque pays riche soit attribué à la recherche contre le cancer. Actuellement, ce chiffre est de moins de 0.001%. On est loin du compte.

Sarah Elkaïm

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