Les personnels de la FEHAP s'opposent toujours à la dénonciation de leur convention collective. Jeudi 10 novembre, une délégation intersyndicale était reçue à Paris par le directeur général du Travail. En Rhône-Alpes, des débrayages étaient organisés, comme chaque jeudi depuis le dramatique accident survenu lors de la manifestation du 6 octobre à Lyon.
Depuis le 6 octobre, chaque jeudi, les personnels de la clinique mutualiste de Saint-Etienne sont au rendez-vous. A 11 heures, ils se retrouvent devant l'entrée de leur établissement et déploient la même banderole : il y ont écrit les noms de leurs « trois copines », Valérie, Claire et Catherine, et « Nous sommes avec vous. » Leurs trois collègues ont en effet été victimes d'un grave accident lors de la manifestation organisée le jeudi 6 octobre dernier à Lyon, en marge du congrès de la Fehap, la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne privés non lucratifs. Ce jour là, les manifestants protestaient, déjà, contre la dénonciation par la Fehap de la convention collective de 1951 dont dépendent les personnels soignants. Le drame s'était noué à 11 heures après un gazage des forces de l'ordre. Une grille métallique avait cédé sous les pieds des trois femmes qui avaient chuté de plus de trois mètres dans une fosse. Depuis, les débrayages sont reconduits chaque semaine à Saint-Etienne.
Valérie est sortie du coma
A travers ce rendez-vous hebdomadaire, également suivi par d'autres établissements de Rhône-Alpes, les employés de la clinique tiennent à afficher leur soutien à leurs camarades ainsi que leur refus de voir leur convention collective nationale 51 dénoncée. Ce jeudi 10 novembre, Catherine Sarda, déléguée CGT à la clinique mutualiste, donnait donc des nouvelles de leurs collègues aux manifestants. Claire, infirmière au bloc opératoire, blessée aux talons et à la colonne, vient tout juste de sortir de maison de rééducation. Catherine, infirmière anesthésiste, est, elle, toujours en maison de rééducation. Dans la chute, elle a été blessée au fémur, à la colonne, à la clavicule, au thorax et a eu onze côtes cassées. Quant à Valérie, agent d'accueil, elle a quitté le service des soins intensifs de l'hôpital neurologique de Lyon pour celui de neurochirurgie. Plongée plusieurs semaines dans un coma artificiel après un traumatisme crânien, elle a rouvert les yeux, parle un peu, mais les médecins sont toujours réservés sur l'évolution de son état de santé. L’information judiciaire ouverte concernant leur chute, devant notamment déterminer qui est le propriétaire des grilles et qui avait la charge de leur entretien, suit son cours.
La poursuite des négociations s’annonce houleuse
Au même moment, ce jeudi 10 novembre, une délégation intersyndicale nationale était reçue à Paris par le directeur général du Travail, Jean-Denis Combrexelle. Objectif des syndicats : que l'Etat intervienne auprès de la Fehap pour que les négociations, aujourd'hui dans l'impasse, reprennent. Avec un préalable : que la Fehap revienne sur sa dénonciation. Au sortir de la rencontre, le directeur général du Travail se contentait de déclarer : « L'Etat ne va pas dicter les choses. J'ai rencontré les organisations syndicales, ce que je vais faire maintenant c'est rencontrer les organisations professionnelles. Ensuite nous verrons comment nous pouvons réussir à travailler ensemble. » L’un des négociateurs, Patrice Boero (CGT) déclarait lui : « Il me semble qu'on a été entendus puisque le ministère propose de rencontrer la Fehap afin de débloquer la situation. »
Les nouvelles discussions entre syndicats et Fehap officiellement prévues le 29 novembre prochain s’annoncent dans tous les cas ardues. Si tant est que les syndicats y participent. On apprenait en effet hier en fin de journée, que les fédérations FO Santé privée et Action sociale et CFTC Santé et Sociaux assignaient la Fehap en référé devant le tribunal de Grand instance de Paris pour « répliquer » à la dénonciation partielle de la convention collective.
En attendant, jeudi prochain, les employés de la clinique mutualiste de Saint-Etienne seront, eux, au rendez-vous pour leur débrayage hebdomadaire. D'autres mobilisations sont prévues ailleurs en France d’ici la fin du mois. Une manifestation est ainsi programmée à Nantes le 24 novembre, et une mobilisation nationale se prépare pour le 29 novembre, date officielle de la prochaine réunion avec la Fehap.
texte et photo: Sandra Jégu