La Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité exige le déclenchement immédiat d’un moratoire sur les fermetures de maternités.
Dans un communiqué publié le 31 juillet, la coordination fait le point sur la saignée qu’a connue ce secteur sanitaire en 30 ans : on est passé de 1.379 maternités en France en 1975 à 584 début 2008. Plus de 100 maternités ont été perdues depuis 2001. Et l’année 2008 ne semble pas partie pour faire exception à cette tendance aux fermetures massives.
Lannemezan (Hautes-Pyrénées) a ouvert le bal en fermant le 19 janvier, puis ce fut Clamecy (Nièvre) le 31 mars. La fermeture de la maternité de Saint-Agrève (Ardèche) est programmée pour le 22 août, celle de Juvisy (Essonne) doit cesser ses activités en septembre. Puis ce sera au tour d’Ancenis (Loire-Atlantique), Die (Drôme), Châtillon-sur-Seine (Côte d’Or), Cosne-sur-Loire (Nièvre), Lourdes (Hautes-Pyrénées), Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), et Oloron (Pyrénées-Atlantiques) de perdre les leurs d’ici fin 2008. L’hémorragie se poursuivra en 2009 avec Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), la maternité parisienne de Saint-Vincent-de-Paul, s’émeut la Coordination.
La victoire de Carhaix (Finistère), dont les habitants ont réussi à sauver in extremis leur maternité à force de mobilisation quotidienne pendant des semaines, ne suffit pas à rassurer les membres de la Coordination. « Demain, irons-nous vers une maternité par département, comme c’est déjà le cas dans la Creuse, le Gers, la Haute-Saône, la Haute-Loire, la Lozère, le Territoire de Belfort ? », s’interrogent-ils dans leur communiqué.
Pour empêcher que « la naissance, moment de vie », devienne « un acte technique surmédicalisé qui laisse de moins en moins de place aux parents et à l’enfant, et qui se fait de plus en plus éloigné des proches », le réseau multiplie réunions d’information et actions de résistance tout au long de l’été.
La coordination taille en pièces l’argument principal opposé par les autorités pour justifier les fermetures de maternités, selon lequel les petites maternités de proximité, sous dotées en équipement et en personnel, présenteraient un danger pour la sécurité des femmes enceintes et des nouveaux-nés. C’est tout au contraire l’éloignement qui constitue un réel danger pour la mère et l’enfant, fait valoir la Coordination.
« L’éloignement de la maternité du lieu de vie des couples, les difficultés d’accès liées au manque de places, sont sources d’insécurité le jour de l’accouchement et d’inquiétude tout au long de la grossesse », explique-t-elle. Et de condamner le recours à l’accouchement déclenché ou aux sorties précoces comme mode de régulation des flux dans les « usines à bébés ».
« Parallèlement au nombre de maternités fermées, le taux de césariennes est en constante augmentation et concerne aujourd’hui près d’une naissance sur cinq », note la Coordination. Or la césarienne multiplie par trois les risques pour la mère, selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’Institut national de veille sanitaire (n°50 du 12/12/2006).
Quant à l’argument de la difficulté à recruter médecins et autres professionnels de santé, les membres de la Coordination y voient une pénurie organisée. « Le nombre de professionnels formés annuellement est inférieur aux besoins et ce depuis la fin des années 70 », observent-ils. Quelque 30.000 infirmières sont ainsi formées chaque année alors que le besoin est estimé à plus de 40.000 notent-ils.
Une pétition en ligne, intitulée « Pour une politique de santé respectant toutes les citoyennes et tous les citoyens», est accessible sur le site de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux de proximité : www.coordination-nationale.org. Le 5 août, elle recueillait plus de 1.300 signatures.
C. A.