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La fièvre chez l’enfant est source d’anxiété. Parents et soignants sont souvent prompts à proposer du paracétamol dans l’espoir de faire baisser rapidement la température corporelle. Pourtant, ce moyen de défense de l’organisme est utile et doit être respecté. Les tensions d’approvisionnement en paracétamol sont finalement une bonne occasion de rappeler la conduite à tenir.
« Ce n’est pas le thermomètre qui dicte la prise en charge », affirme le Dr Andreas Werner, pédiatre libéral et président de l’Association française de la pédiatrie ambulatoire (Afpa) qui rappelle par ailleurs que la fièvre n’est pas une maladie mais le signe d’une activation du système immunitaire utile pour lutter contre l’agent pathogène. « Une fièvre, même à 40 °C se respecte », renchérit le Dr François Corrard, pédiatre libéral, membre de l’Afpa et président de l’Association clinique et thérapeutique infantile du Val de Marne (Activ). « Le paracétamol ne sert d’ailleurs pas à faire baisser la fièvre. Il est seulement utile pour diminuer l’inconfort de l’enfant qui peut être grognon ou plaintif », précise-t-il.
FIÈVRE, INCONFORT ET CONVULSIONS NE SONT PAS DIRECTEMENT LIÉSL’infection est à l’origine d’une sécrétion importante de cytokines libérées dans l’organisme, qui agissent notamment au niveau du cerveau. « Certaines cytokines font monter la température corporelle et d’autres modifient le comportement de l’enfant (baisse d’appétit, fatigue, irritabilité…). On attribue faussement ces modifications à la fièvre. On parlait avant de mauvaise tolérance à la fièvre. En fait, ces événements sont indépendants de la montée de la température. On voit des petits avec 39,5 °C courir comme des lapins et d’autres plus abattus à tout juste 38 °C. Ce sont les signes d’inconfort qu'il faut traiter. Le paracétamol n’a d’intérêt que sur ces signes. En particulier, on ne donne pas de médicament à un enfant fébrile qui dort », précise le Dr Corrard. « D’autre part, l’idée circule que la fièvre serait responsable de la survenue de convulsions. Or il s’agit de manifestations distinctes, souvent concomitantes, mais indépendantes l’une de l’autre. Les convulsions seraient probablement liées à l’orage cytokiniques dû à l’infection, quel que soit le niveau de fièvre », explique-t-il. Aussi, le pédiatre positive la situation actuelle : « la pénurie de paracétamol est l’occasion de casser les idées reçues et de rappeler les recommandations de bonne pratique. La fièvre est l’alliée de l’enfant. Elle n'est pas dangereuse. Il faut savoir utiliser les médicaments à bon escient ».
LES CONSEILS À TRANSMETTRE AUX PARENTSEn cas de fièvre, il peut être utile de consulter un médecin pour déterminer la maladie sous-jacente et la prendre en charge, notamment chez le nourrisson de moins de 3 mois et devant l’apparition d’autres signes tels qu’une éruption cutanée, une toux importante et inhabituelle, des diarrhées et vomissements ou un comportement très altéré. La Haute Autorité de santé a rappelé les signes qui doivent alerter dans des recommandations sur la prise en charge de la fièvre de l’enfant, en 2016. « Une fièvre qui dure plusieurs jours n’est pas un problème, mais au bout de 3 jours ou devant l’apparition de signes inquiétants, il faut un avis médical pour en rechercher la cause » indique le Dr Corrard. Il rappelle également qu’il n’est pas recommandé de donner un bain à l’enfant, ni de le découvrir systématiquement : « Si l’enfant ne semble pas être gêné, alors il ne sert à rien d’intervenir ». Il est en revanche utile de lui proposer plus souvent à boire, les pertes d’eau étant majorées en cas de fièvre. Ainsi, l’administration de paracétamol n’est justifiée que pour améliorer le confort de l’enfant présentant des signes de gêne. Le Dr Werner signale que les parents peuvent utilement être orientés vers le site de l’Afpa destiné au public, mpedia.fr, qui fournit des informations pratiques.
Alexandra Blanc, avec lemoniteurdespharmacies.fr