Formation : les spécialités infirmières en attente de refonte

20/10/2011

Formation : les spécialités infirmières en attente de refonte

Pour les Iade, les contours du futur master devraient être bientôt actés. Contrairement aux Ibode et aux puéricultrices qui, même si elles ont avancé, attendent encore un engagement ferme.

Depuis cet automne, les étudiants des trois années d’Ifsi sont logés à la même enseigne : celle du grade licence, en trois ans, sanctionné par des crédits européens ECTS. Le « L », premier étage de la fusée du LMD infirmier, étant construit, la question du master (« M »), se pose avec insistance. Plusieurs conférences du Salon infirmier, du 12 au 14 octobre, l’ont rappelé. L’une d’elle, le mercredi, a proposé une photo de famille d’un genre plutôt rare : des représentants du ministère de la Santé et des trois spécialités infirmières autour d’un même pupitre. Le tout dans un climat plutôt serein, si l’on repense aux manifestations des Iade de 2010 ou encore aux slogans très sombres des Ibode lors du dernier Salon. A ce jour, quelles sont les nouvelles ?

- Les infirmières anesthésistes (Iade) sont la seule spécialité à avoir reçu l’engagement formel d’une formation de type master, de la part des deux ministères concernés (Santé et Enseignement supérieur). Les discussions ont commencé en 2007 et ont abouti, avenue de Ségur, à l’adoption de deux référentiels :  l’un d’activités, l’autre de compétences, tous deux en sept points. « Actuellement, a précisé Jean-Pierre Anthony, président du Comité d'entente des écoles d'infirmiers anesthésistes (Ceeiade), nous sommes en discussion avec le ministère de l’Enseignement supérieur sur la validation d’un document qui s’appelle “organisation et contenu des savoirs”, composé de fiches d’unités d’enseignements (UE) ». Dominique Monguillon, conseillère pédagogique nationale de la DGOS (ministère de la Santé), espère voir la maquette finalisée par les deux ministères « d’ici décembre-janvier ». Quant au démarrage du master, « il est difficile d’avancer une date précise. Nous voulons être sûrs que la mise en place pourra avoir lieu dans de bonnes conditions ». Septembre 2012 ? Septembre 2013 ? Plus tard ? Bien malin qui le devinera.

- Les infirmières de bloc opératoire (Ibode) ont été la première spécialité à travailler sur un master, dès 2006, « en même temps que les infirmiers [de soins généraux] », rappelle Aline Dequidt, présidente de l’Association des enseignants et des écoles d'infirmiers de bloc opératoire (Aeeibo). Pourtant, les travaux de réingénierie de leur diplôme ont avancé lentement, la réforme des Ifsi étant passée en priorité. Pour l’heure, l’attribution d’un grade de master n’est pas actée (à ce sujet voir l’interpellation de Xavier Bertrand au Salon par les Ibode en vidéo). En revanche, l’Aeeibo et l’Unaibode (association représentant les Ibode en exercice) ont élaboré « des référentiels d’activité, de compétences et de formation avec les évaluations et la traduction en ECTS ». Une interrogation pèse sur la durée des études, actuellement de 18 mois, que les infirmières de bloc souhaitent voir passer à deux ans. Pour enrichir la formation, elles misent sur les pratiques avancées (avec, par exemple, la possibilité de réaliser certains actes relevant du domaine des chirurgiens) et la recherche infirmière. Contrairement aux Iade (chez qui il est impossible de "faire fonction" avant d’être diplômé), les Ibode sont favorables à l’acquisition du diplôme par la validation des acquis de l’expérience (VAE) et ont travaillé en ce sens. A noter, une particularité : les associations souhaitent qu’un étudiant puisse enchaîner directement le DE et les études d’Ibode, lesquelles verraient leur volume de stages augmenter.

- Chez les puéricultrices, là encore, le passage à un grade master reste une hypothèse. « La réingénierie du diplôme a commencé en 2008 », rappelle Jean Marchal, président du Comité d’entente des écoles préparant aux métiers de l’enfance (Ceepame). Il espère voir les études s’étendre à l’avenir sur « quatre semestres » (contre un an actuellement). Pour ce faire, l’association a elle aussi proposé des référentiels d’activités et de compétences, ainsi qu’une cartographie des futures UE. Pour enrichir le diplôme actuel, le Ceepame « insiste sur la dimension clinique de la formation », et entend souligner la mission de promotion de la santé des puéricultrices. « Il faudra encore formaliser le champ de futures consultations, ainsi que celui de la prescription », explique Jean Marchal. Comme chez les Iade et les Ibode, le programme proposé par l’association fait la part belle à la recherche infirmière.

Bilan critique de la réforme des IDE
Pour les trois spécialités, si le calendrier et les perspectives diffèrent, « la méthodologie est la même » que pour la réforme des Ifsi, souligne Dominique Monguillon, du ministère de la Santé : définition des activités exercées, des compétences, puis du déroulement de la formation. Il faudra là encore organiser l’intervention des formateurs universitaires et définir l’organisation pratique des stages dans les services ainsi que leur évaluation. Dans la réforme de la formation initiale des IDE, « il faudra voir ce qui fonctionne bien et ce qui fonctionne moins bien pour ne pas commettre les mêmes erreurs ». Elle cite en exemple du bilan critique à réaliser les conventionnements instituts-régions-universités et le portfolio, plus ou moins bien adoptés suivant les lieux et les contextes. Après une réforme des Ifsi effectuée à bride abattue, on peut donc se préparer, pour les spécialités, à un cheminement prudent…

Nicolas Cochard
Photo: Philippe Chagnon/cocktailsante

 

 

 


26/10/2011
Droit de réponse du Ceepame
 
Le Comité d’entente des écoles préparant aux métiers de l’enfance (Ceepame) nous fait part de cette réaction (extraits) :

 « Les raccourcis hasardeux contenus dans votre article nous conduisent à vous interpeller et à vous proposer un complément d’information sur cette table ronde. Il n’est plus acceptable de faire apparaître trois niveaux différents de traitement de nos trois spécialités pour la réingénierie de formation. Actuellement, la durée de formation n’est pas le curseur du niveau de diplôme. Le niveau de formation exigée par les trois spécialités infirmières est à la hauteur des compétences développées et des responsabilités des professionnels.

Cette conférence, organisée sur l’invitation de la DGOS, invitait les représentants des associations de formation des trois spécialités infirmières à démontrer l’harmonisation de construction des programmes pour les trois métiers à un niveau plus élevé que le grade « L », acquis pour les infirmiers. La volonté des trois associations, dont le Ceepame, a toujours été de travailler en cohérence dans le respect de la méthode initiée par la DGOS. Cette dernière garantit le référentiel de certification (référentiel métier, de compétences, de formation, d’évaluation et accès au diplôme par la voie directe ou par la VAE) et un niveau de traitement identique pour les trois spécialités infirmières.

Au cours de l’exposé au Salon infirmier, le Ceepame s’est positionné sur des aspects essentiels de l’évolution de la profession d’infirmière puéricultrice. Notre profession s’ancre dans une réponse à des besoins de santé de l’enfant et de la famille et dans une approche de santé publique couvrant la promotion de la santé et la protection de l’enfant de la naissance à l’adolescence.

Le nouveau référentiel entérinera :
 - L’intégration du positionnement en leadership
- La consultation de première ligne qui peut intégrer des prescriptions notamment dans le suivi des enfants porteurs de pathologies complexes stabilisés
 - Le rôle de coordination dans les établissements des enfants de moins de six ans
 - La recherche infirmière puéricultrice. »

 

 

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