Le ministère de la Santé a émis mardi soir un avis d’alerte sanitaire au botulisme après l’hospitalisation « au cours du week-end dernier » de deux personnes d’une même famille, en Ille-et-Vilaine.
Ces personnes, hospitalisées dans deux hôpitaux, présentent « tous les symptômes de botulisme lié à une intoxication alimentaire » et « leur état de santé est très préoccupant », selon le ministère.
Les autorités sanitaires ont lancé toutes les investigations nécessaires, mais des soupçons se portent déjà sur « plusieurs produits industriels de distribution nationale, dont un plat mexicain, des ‘fajas enchilladas’, de la marque Companeros », précise le ministère de la Santé dans un communiqué mis en ligne sur son site Internet.
Les analyses ont été confiées au Centre national de référence des bactéries anaerobies et du botulisme de l’Institut Pasteur de Paris. « On analyse des aliments et du sérum. Les résultats devraient être connus aujourd’hui en fin d’après-midi », a-t-on précisé mercredi au service de presse de l’Institut Pasteur.
En attendant ces résultats, « les autorités sanitaires recommandent aux personnes ayant conservé ce produit de ne pas le consommer et de le rapporter à son point de vente ».
Sur son site Internet, l’Institut Pasteur indique que le botulisme est « une affection neurologique grave provoquée par une toxine très puissante produite par la bactérie Clostridium botulinum ». Celle-ci se développe notamment dans les aliments mal conservés et la maladie résulte en général d’une intoxication alimentaire.
Depuis 1991, l’incidence moyenne annuelle du botulisme en France est de 0,5 pour un million d’habitants. Elle connaît depuis 2006 une diminution notable qui ne doit pas masquer « l’apparition, ces dernières années, de formes rares ou jusqu’alors jamais observées en France, semblant suggérer une modification des caractéristiques épidémiologiques du botulisme humain », explique l’Institut Pasteur.
« Si le botulisme est rare, sa mortalité reste élevée quand le traitement n’est pas immédiat », prévient l’Institut. Le botulisme est mortel dans 5 à 10% des cas selon le type de toxine en cause.
Le traitement consiste en une sérothérapie qui doit être entreprise aussi rapidement que possible avec l’administration d’une antitoxine par voie intraveineuse. Les cas graves requièrent en outre un traitement symptomatique et notamment des soins respiratoires intensifs via une ventilation assistée. « La plupart des malades guérissent s’ils sont traités sans délai », insiste l’Institut Pasteur.
Le botulisme fait partie des maladies à déclaration obligatoire en France. Les trois formes principales sont : 1) le botulisme d’origine alimentaire, le plus fréquent, 2) le botulisme par colonisation dont la forme la plus connue est le botulisme du nourrisson (ou botulisme infantile) due à la germination dans l’intestin de spores de Clostridium botulinum ingérées, et 3) le botulisme par blessure à partir de plaies contaminées. « Il n’y a pas de transmission interhumaine » de cette maladie « rare », indique le ministère de la Santé.
Dans la forme d’origine alimentaire, « les aliments les plus fréquemment mis en cause sont des salaisons, charcuteries et conserves d’origine familiale ou artisanale », selon l’Institut national de veille sanitaire (InVS). L’incidence du botulisme la plus élevée signalée ces dernières années concerne le Caucase (Arménie, Azerbaïdjan et Georgie) où ces pratiques culinaires sont courantes, note l’Institut Pasteur. Les mesures de prévention reposent sur le respect des règles d’hygiène relatives à la préparation et à la conservation des denrées alimentaires.
Il existe bien un vaccin contre le botulisme, mais il présente des effets secondaires et reste donc réservé aux personnes particulièrement exposées au risque. La durée d’incubation et la gravité des symptômes dépendent du type de toxines en cause. Sept types de toxine botulique ont été décrits : A, B, C, D, E, F, G .
Pour un botulisme d’origine alimentaire, la durée d’incubation est de 12 à 72 heures en moyenne, huit jours maximum, indique l’InVS. Les symptômes sont ophtalmologiques (troubles de l’accommodation, sensation de vision trouble ou double, etc.), digestifs (douleurs abdominales, nausées, vomissements et diarrhée) ou neurologiques (diplopie, dysarthrie, dysphonie et dysphagie). « Ces symptômes peuvent s’aggraver par des signes de paralysie flasque, descendante et symétrique (sécheresse de la bouche, défaut de déglutition, fatigue et faiblesse des membres) », note l’InVS. « Dans les formes avancées, les signes de paralysie sont évidents : paralysie des membres, paralysie des muscles respiratoires. » C’est cette insuffisance respiratoire qui entraîne le décès.
C. A.