L’activité de la diarrhée aiguë serait sur le point de franchir le seuil épidémique de 254 cas pour 100.000 habitants, selon le réseau Sentinelles. Le rotavirus est l’un des principaux agents responsables des gastro-entérites aiguës (GEA) chez les nourrissons, mais il est surtout à l’origine des formes les plus sévères, de celles qui causent encore en moyenne 12 à 15 décès par an en France.
C’est pourquoi le réseau Réagir (Réseau d’éducation active de la gastro-entérite infantile à rotavirus), composé de huit experts, déploie une campagne d’information sur le rotavirus, tant à destination des parents que des professionnels de santé, voire de toute personne en contact régulier avec des nourrissons.
Risque de déshydratation
S’il existe une grande variété symptomatique dans les manifestations du rotavirus, des formes asymptomatiques aux formes sévères, la conséquence la plus fréquente et la plus à risque de complication est la diarrhée du nourrisson. Or, plus encore que chez l’adulte, la diarrhée aiguë peut rapidement provoquer une forte déshydratation du nourrisson qui présente la particularité d’avoir une masse corporelle composée à près de 80% d’eau (nourrissons de moins de trois mois), rappelle le Pr. Frédéric Huet, chef du service de pédiatrie et de génétique médicale du CHU de Dijon.
Les reins du nourrisson sont par ailleurs trop immatures et incapables de retenir l’eau nécessaire pour compenser une perte hydrique importante dans le corps. Si elle n’est pas détectée et soignée, la déshydratation peut avoir des conséquences graves, voire mortelles.
Les symptômes qui doivent alerter sont les suivants : muqueuses sèches, absence de salive ou salive très collante, cernes, absence de larmes quand le nourrisson pleure, persistance du pli cutané (quand on pince la peau de l’enfant, celle-ci met plus de 2-3 secondes à redevenir lisse, il faut alors s’alarmer), troubles de la conscience, changement de comportement, somnolence. Au-delà de 15% de déshydratation, le risque de mort est imminent, précise le Pr. Huet.
Facteur majeur d'infections nosocomiales
En plus d’être à l’origine de diarrhées « plus agressives et plus dangereuses que les diarrhées tout venant », insiste le Pr. Huet, le rotavirus est un facteur majeur d’infections nosocomiales dans les services de pédiatrie, souligne le Dr. Georges Picherot, chef du service de pédiatrie au CHU de Nantes. Et ce pour deux raisons : d’une part, le rotavirus est extrêmement contagieux et survit longtemps sur les surfaces et d’autre part, le pic saisonnier d’infection, en hiver, coïncide peu ou prou avec celui des infections par virus respiratoire syncytial, responsable des bronchiolites du nourrisson, ce qui contribue à l’engorgement des services de pédiatrie pendant les mois d’hiver.
La transmission féco-orale du rotavirus se fait essentiellement par les mains, que ce soit celles des soignants ou celles des parents, rappelle le Dr. Picherot, mais aussi via les tables à langer, les jouets communs, tant en milieu hospitalier qu’en médecine de ville, en PMI ou encore dans les crèches.
Pour prévenir la contamination d’un enfant à un autre, le Dr. Picherot recommande d’agir sur la transmission manuportée et d’isoler au maximum les bébés infectés. Il faut ainsi se laver les mains avec une soluion hydro-alcoolisée (Sha) avant et après s’être occupé du nourrisson malade. « Il serait souhaitable d’avoir un isolement des enfants atteints de diarrhée, mais il faudrait pour cela avoir des services-accordéons dans les hôpitaux et c’est très compliqué avec la T2A », observe le praticien.
A destination des personnels soignants, il préconise le port systématique du masque et de la blouse, la limitation de la circulation autour du nourrisson (le même soignant s’occupe du même bébé de A à Z), l’aération de la pièce, la réduction au maximum des échanges de jouets, bref, « une amélioration des conditions d’hospitalisation », résume-t-il.
C. A.