L’association "Enfance et partage" attire l’attention sur un dispositif d’accompagnement à la future parentalité trop méconnu du public et appelle les professionnels de santé à en faire la promotion.
L’entretien prénatal précoce (EPP), ça vous dit quelque chose ? Pas vraiment ? Vous n’êtes pas la seule et c’est bien dommage. Créé par le plan périnatalité 2005-2007, ce dispositif destiné à toutes les femmes enceintes et pris en charge à 100% par l’assurance-maladie reste méconnu. L’association Enfance et partage, référence dans le domaine de la prévention de la maltraitance, a donc lancé un appel en décembre pour qu’un maximum de femmes y aient accès.
Mené au cours du premier trimestre de grossesse, l’EPP est un moment privilégié pour éprouver sa future parentalité. Différent des sept séances de préparation à la naissance, il est individuel, conduit le plus souvent par une sage-femme et concerne aussi bien le père que la future mère. C’est un moment pendant lequel les femmes ont l’opportunité de poser toutes les questions qui les taraudent. Parmi ses objectifs : déceler d’éventuelles fêlures, favoriser le bon déroulement de la grossesse, prévenir une dépression post-partum, voire une possible future maltraitance de l’enfant.
Nécessaire mobilisation des professionnels
« L’EPP, ce n’est qu’une question de bon sens finalement. On vit dans une société hypocrite où la grossesse est très médicalisée mais où le ressenti est délaissé. Or, c’est avec ça que les parents accueillent leur bébé ! », résume Françoise Molenat, pédopsychiatre présidente de l’Association de Formation et de recherche sur l’enfant et son environnement (AFREE), qui a collaboré à la réalisation du plan de périnatalité. « Il s’agit de choses parfois très basiques, poursuit-elle, comme comprendre si la maman est entourée, qui sera là après la naissance, comment ses parents, son conjoint, vivent sa grossesse, etc. »
Problème : les médecins généralistes et les gynécologues ne le proposent pas suffisamment, voire ne comprennent pas bien en quoi il consiste. En fonction des régions, les femmes sont plus ou moins informées de son existence. D’après « Allô Parents Bébé », le numéro vert (1) d’Enfance et partage, sur un échantillon de 328 mères appelantes, moins de la moitié (45%) s’était vu proposer l’EPP. Mais parmi ces chanceuses, 80% l’avaient accepté.
D’où l’importance d’une mobilisation générale des professionnels de santé pour faire connaître le dispositif. D’autant que l’inscription de l’EPP dans le plan périnatalité 2005-2007 a déjà généré quelques créations de postes. La sécurité sociale met l’accent sur la coordination, de plus en plus prise en charge par les sages-femmes libérales.
Beaucoup reste cependant à faire pour tendre à la généralisation de l’EPP. Pour « Allô Parents Bébé », cela pourrait notamment passer par la Caisse d’allocations familiales (CAF), dans la mesure où celle-ci est en relation avec toutes les femmes qui ont envoyé leur déclaration de grossesse.
Sarah Elkaïm
1- 0800 00 34 56. En 2010, la ligne a reçu 4 000 appels.