Le « Grenelle des ondes » s’est ouvert jeudi 23 avril, au ministère de la Santé, avec une table ronde sur le thème « Radiofréquences, santé et environnement ».
Pour l’ouverture du « Grenelle de la téléphonie mobile », jeudi 23 avril, les ministres et les associations n’étaient vraiment pas sur la même longueur d’ondes. D'entrée, Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, a pourtant promis que les trois réunions de travail, prévues les 6, 14 et 15 mai, seraient consacrées à « des débats sans tabou, où tous les experts que souhaiteront les participants seront entendus ». Même enthousiasme du côté de la secrétaire d’Etat chargée de l’Economie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet. « Nous nous battrons pour que le problème des ondes soit abordé dans le deuxième Grenelle de l’environnement, peut-être sous forme de loi », a-t-elle déclaré.
Vers l’interdiction des téléphones portables pour les moins de six ans
Une bonne volonté affichée, donc, mais peu d’engagements. C'est tout juste si la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a reconnu que le cas des personnes électrosensibles était préoccupant. « Ils ressentent de véritables troubles et symptômes, a-t-elle concédé. C'est pourquoi un protocole de prise en charge adapté est à l’étude à l’hôpital Cochin. »
Elle s'est ensuite empressée de mentionner le dernier avis de l’Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset), qui concluait à l’absence de risque causé par la proximité d’antennes-relais. Roselyne Bachelot a donc proposé de patienter jusqu'à la remise des conclusions d'une nouvelle expertise de l’agence, en septembre. En attendant, « la prudence est de rigueur, a-t-elle rappelé. Les enfants de moins de 12 ans ne devraient pas posséder de mobile et il ne faut surtout pas téléphoner en se déplaçant. L’exposition aux ondes des utilisateurs de téléphone portable est bien plus élevée, de 100 à 100.000 fois plus, que celle due aux antennes-relais. » Une façon de recentrer le débat sur les pratiques individuelles, sujet moins polémique que la « pollution » par les antennes. Et de mettre en avant la politique du gouvernement : le Grenelle 2 prévoit déjà l’interdiction des appareils destinés aux petits de moins de 6 ans ainsi que des publicités mettant en scène des enfants de moins de 12 ans.
Moratoire ?
Des mesures nécessaires, pour les associations conviées à cette table ronde, qui ont déposé symboliquement les 28.000 signatures recueillies par la pétition « TcherMobile », contre l’utilisation du portable par les enfants, devant le ministère. Mais elles sont loin d’être suffisantes. « Le débat est biaisé. Les organisateurs partent du principe que les antennes ne sont pas dangereuses », regrette Stéphen Kerckhove, d’Agir pour l’environnement. Son espoir : obtenir un moratoire sur l’installation de nouvelles antennes, au moins jusqu’en septembre. Si Chantal Jouanno a évoqué cette possibilité, elle n'a pris aucun engagement dans ce sens. Stéphen Kerckhove craint aussi que le peu de temps qu’il leur reste avant la première réunion de travail, prévue le 6 mai, ne permette pas aux associations de faire venir « leurs » scientifiques. « Ce n’est pas un problème. S’il nous faut plus de temps, nous le prendrons », tranche Roselyne Bachelot.
Hélène Colau