30/01/2009

Grève générale interprofessionnelle du 29 janvier: l'hôpital fortement mobilisé

Plus d’un million de manifestants dans les villes de France selon la police, 2,5 millions selon les syndicats, plus d’un agent de la fonction publique sur quatre (25,9%) effectivement gréviste: l’appel à la mobilisation générale et interprofessionnelle du public et du privé pour défendre le service public, les emplois, les salaires, le pouvoir d’achat et les conditions de travail a été entendu hier lors du plus ample mouvement social depuis les mobilisations de 2006 contre feu le Contrat première embauche (CPE). Et l’hôpital dans tout ça ?

Selon le ministère du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, le taux de participation à la grève a été de 19,6% dans la fonction publique hospitalière, soit presque deux fois plus que lors de la dernière grève générale dans la fonction publique le 20 novembre 2007 (10,9%). Le ministère n’a hélas pas été en mesure de détailler les taux de participation par professions. Mais la Direction de l’hospitalisation et des soins (Dhos) a néanmoins pu préciser que jeudi vers 17h, la participation des non médicaux s’élevait à 19,62% et que 11,05% des praticiens hospitaliers avaient fait grève. A noter que ces taux ne désignent que les grévistes absents, hors personnels assignés pour assurer le service minimum.
Rappelons que de nombreux syndicats (CGT,CFDT,FO,SUD,Unsa, CFTC, CFE-CGC etc.) de personnels hospitaliers, y compris médicaux, avaient appelé à la mobilisation interprofessionnelle. Outre les revendications communes à tous les secteurs de la société comme le pouvoir d’achat, les fédérations santé des confédérations syndicales appelaient à faire grève et à manifester « contre les suppressions de postes » dans la santé et à l’hôpital et contre « les restructurations et les fermetures qui anticipent les orientations du projet (de loi, ndlr) Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) ».

"Nous sommes tous des schizophrènes dangereux!"
En ce qui concerne les manifestations, le cortège parisien a rassemblé entre 65.000 selon la police et 300.000 personnes selon les syndicats. Les acteurs de la santé se sont illustrés par leur présence massive, leur visibilité et leurs slogans inventifs. Les professionnels de la psychiatrie s’étaient particulièrement mobilisés, défilant en scandant : « Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des schizophrènes dangereux ! » ou encore « Le président à l’isolement ! ». Plusieurs banderoles réclamaient « des soins psychiques de qualité ». Tous exigeaient le « retrait de la loi Bachelot », jugée « ni amendable, ni réformable ». Rappelons que le projet de loi HPST doit être examiné par l’Assemblée nationale du 10 février au 6 mars.

A la fin de la manifestation, tous les manifestants parisiens appartenant au monde de la santé se sont regroupés avec drapeaux, banderoles, autocollants, sifflets et autre matériel syndical sur les marches de l’Opéra Garnier, occupant toute la largeur et toute la hauteur de l’escalier monumental. La santé, à n’en pas douter, a été l’un des thèmes majeurs de la mobilisation d’hier.

8.000 à 10.000 hospitaliers dans les rues de Lyon

 

En province également, les cortèges ont été massifs : 24.000 à 300.000 manifestants à Marseille, 56.000 à 90.000 à Toulouse, 21.000 à 40.000 à Rouen. A Lyon, entre 8.000 et 10.000 hospitaliers ont défilé à l’appel des syndicats FO, CGT, Sud, Unsa, mais aussi de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et du Syndicat national des praticiens hopsitaliers anesthésistes réanimateurs (SNPHAR), selon Philippe Navarro, secrétaire départemental FO du Rhône. Certaines directions de centres hospitaliers ont fait état à la mi-journée de jeudi de plus de 50% de grévistes comme au CH du Vinatier (60%) ou à l’hôpital gériatrique du Val d’Azergues (53%), s’est-il félicité. Par ailleurs, les préfets ont dû ordonner des réquisitions de pilotes d’hélicoptères dans plus de la moitié des Samu, selon Thierry Coiffard, porte-parole du Syndicat national des pilotes de ligne.


La réponse de l’Elysée à cette forte mobilisation ne s’est pas fait attendre. Jeudi soir, Nicolas Sarkozy a publié un communiqué dans laquelle il a jugé « l’inquiétude légitime ». Il a aussi déclaré qu’il rencontrerait en février les partenaires sociaux « afin de convenir des réformes à conduire en 2009 et des méthodes pour les mener à bien ».
Brice Hortefeux, tout nouveau ministre du Travail et des Relations sociales, qui affrontait là son premier mouvement social d’envergure depuis sa prise de fonction il y a deux semaines, s’est également exprimé. "Le gouvernement entend, écoute mais ne répondra pas par un geste au hasard, désarticulé. La réponse du gouvernement et du président de la République, c'est la construction d'une politique cohérente qui passe par un plan de relance", a-t-il déclaré sur France 2. Les syndicats, eux, réfléchissent à une suite à donner au mouvement.


C. A.

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