Grossesse et travail hospitalier : encore difficile à concilier

Être enceinte quand on est une hospitalière semble encore un parcours semé d’obstacles même si les mentalités évoluent. L’enquête menée par Odoxa pour la MNH révèle que 72 % des hospitalières pensent que la grossesse rend difficile le travail dans de bonnes conditions ; 42 % estiment que le fait d’être enceinte est mal perçu par l’employeur ; 30 % considèrent que cette période est incompatible avec leur métier ; 18 % pensent que la grossesse doit être cachée le plus longtemps possible à l’employeur. Des résultats qui interrogent sur la prise en compte de ce moment dans la vie des femmes qui évoluent dans les établissements professionnels du soin.

Pourtant, l’accompagnement de la grossesse et de la parentalité est un enjeu majeur pour les services ressources humaines des établissements hospitaliers. Pour répondre à cette problématique et aux difficultés auxquelles peuvent être confrontées les professionnelles en période de grossesse, la MNH et son Bureau d’Intelligence Collective (BIC) ont organisé une session de réflexion de 3h30 suivie par 54 personnes sur l’accompagnement de la grossesse des hospitalières. Pour rappel, le BIC, dont le coordinateur est Alexis Bataille-Humbert, est une initiative par et pour les hospitaliers dont l’objectif est de développer de manière innovante des solutions aux problèmes concrets rencontrés par les professionnels hospitaliers. Trois axes de travail ont émergé de cette session menée fin 2023 :  informer et proposer un dispositif d’accompagnement personnalisé tout au long de la grossesse ; renforcer la prévention des risques professionnels à l’hôpital et améliorer la santé psychique pendant la période périnatale ; s’engager pour les conditions de travail et la carrière des hospitalières durant la maternité. Pour ces trois axes, il existe bien sûr les obligations légales de l’employeur mais aussi toutes les initiatives mises en place par les employeurs qui vont plus loin et apportent un accompagnement plus poussé. On peut citer le soutien psychologique, les actions de prévention en santé mentale, l’aménagement du poste par rapport aux risques professionnels, l’existence d’une salle d’allaitement, une place en crèche hospitalière, un programme de ré-accueil de la professionnelle à son retour…  

Si de nombreux points sont à améliorer, certains établissements ont mis en place des démarches. ÀBéziers, l’hôpital encourage les femmes à annoncer leur grossesse et propose un accompagnement personnalisé qui informe sur les dispositifs en place pour faciliter le quotidien de la future maman. ÀPerpignan, une crèche hospitalière permet d’améliorer la qualité de vie des femmes et de concilier vie privée et vie professionnelle plus facilement. Quant à l’AP-HP, elle met en avant l'importance de former les managers sur les connaissances des droits des femmes enceintes, l’aménagement des postes, le repérage des signes de mal-être et la souffrance psychique. À Clermont-Ferrand, une salle d’allaitement entièrement rénovée et équipée est mise à disposition des hospitalières et une consultante en lactation aide les professionnelles dans leur projet d’allaitement, une fois qu’elles ont repris le travail.

Pour faciliter l’accès aux informations, la MNH a publié un livret pratique intitulé « Accompagner la grossesse des hospitalières ». Il est accessible en ligne ⁽¹⁾ et inclut le témoignage de six hospitalières sur la mise en œuvre de projets innovants dans leurs établissements.

1. https://livret.bureau-intelligence-collective.fr/.numero-1/#page=1