Comment aborder le handicap et l'action menée par les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) ? Les « Rencontres pour une culture partagée » organisées le 19 mai à Nancy ont préféré l'exercice pratique au traditionnel colloque.
Personnes en situation de handicap, bénévoles d'associations, professionnels des MDPH des départements de Meurthe-et-Moselle, Moselle, Meuse et Bas-Rhin et même quelques conseillers généraux, soit près de 150 personnes au total, ont participé à dix ateliers. L'idée, toute simple, était d'inverser les rôles habituels : les agents des MDPH prenaient la place des usagers et inversement. Objectif : mieux se comprendre et mieux cerner les changements apportés par la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap, qui instaura les MDPH.
Une première édition de cette formation-action avait eu lieu en 2007 en Île-de-France à l'initiative de la Caisse nationale pour la solidarité pour l'autonomie (CNSA). « Notre but est de favoriser l'écoute, le respect et le travail de compréhension mutuelle des postures et des contraintes de l'autre », explique Bernadette Moreau de la CNSA.
Jeux de rôles
Premier atelier : l'accueil. Moment emblématique des contacts entre handicapés et professionnels. Incompréhension, réponses inadaptées, usager balloté de service en service... Les participants se sont mis dans la peau de leurs interlocuteurs habituels en jouant trois saynètes écrites par avance. Véronique, ergothérapeute à la MDPH de la Meuse, sort enrichie de cette expérience : « Dans mon travail, j'ai peu de retour de la part des associations de personnes handicapées, cette initiative m'a apporté une certaine ouverture. »
Après les jeux de rôle, place aux échanges. Sourde, Isabelle soulève la question de la communication en langue des signes. Des agents des MDPH savent-ils signer ? Vaste question à laquelle répondent différemment les quatre MDPH représentées. Si celle de la Moselle dispose d'une interprète, la Meuse en est dépourvue. En Meurthe-et-Moselle des formations sont actuellement proposées. « Pourquoi ne pas travailler sur ce domaine en réseau avec les associations ? », lance Stéphane Dussine, directeur de la MDPH 54. Harmoniser les pratiques entre les structures départementales, favoriser les partenariats : voilà ce qui est également ressorti de ces échanges.
Sus aux préjugés
En plus des ateliers dédiés aux étapes clés du parcours en MDPH (accueil, évaluation et commission des droits et de l'autonomie), des stands proposaient aussi de se confronter aux différents types de handicap. Parcours en fauteuil roulant, les yeux bandés avec une canne blanche, jeux sur les préjugés liés au handicap psychique, initiation à la LSF... Emmanuelle Heller, médecin à la MDPH 54, retire le bandeau qui la mettait momentanément en situation de non-voyance. Elle découvre le parcours qu'elle vient d'effectuer avec l'aide d'un bénévole de l'association AAAL (*). « C'est une réelle prise de conscience des difficultés que rencontrent ces personnes. Dans mon travail, cela me permettra d'avoir une analyse plus personnalisée des situations en fonction des handicaps. »
Aurélie Vion
(*) Association des Aveugles et Handicapés Visuels d'Alsace et de Lorraine