Hausse du carburant : les Idels réclament de l’aide

Plus de 25 000 signatures, c’est ce qu’a recueilli la pétition lancée par le syndicat Convergence Infirmière (CI) qui réclame de « vraies mesures » pour compenser la hausse du prix du carburant pour les infirmières libérales (Idels). Les syndicats multiplient d’ailleurs les courriers au président de la République, au Premier ministre, au ministre de la Santé ou encore au ministre de l’Économie pour alerter de la situation.

« L’augmentation du tarif du carburant dure depuis des mois et rien n’a été de fait pour les infirmières libérales, premières actrices du domicile », dénonce John Pinte, président du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil). Conséquences : certaines Idels commencent à réfléchir à l’intérêt de prendre en charge des patients éloignés de leur cabinet. « Pour les personnes faisant déjà partie de leur patientèle, la question ne se pose pas mais pour les nouveaux patients, elles vont nécessairement s’interroger sur l’intérêt ou non de les prendre en charge, surtout lorsqu’elles doivent se déplacer deux à trois fois par jour au domicile de la personne », ajoute-t-il. Le manque à gagner est réel pour les soignantes, entraînant un risque de sélection des patients. « Récemment, j’ai refusé de prendre en charge une personne, reconnaît Ghislaine Sicre, présidente de Convergence Infirmière. Si je me déplace jusqu’à son domicile, je ne vais rien gagner. » « Cette hausse du prix du carburant génère de la colère chez les Idels comme chez tous les citoyens, poursuit Caroline Dewas, présidente du Syndicat autonome des infirmières et infirmiers libéraux (Saiil). Les Idels commencent donc à changer de comportement dans leurs prises en charge. En cherchant à ne pas effectuer de kilomètres inutiles, nous tenons moins compte des desiderata des patients. Cette hausse du carburant sans compensation a des conséquences sur l’organisation des soins et la bienveillance des Idels. »

Ce que souhaitent les infirmières libérales ? Une mesure permettant de compenser ces hausses successives du prix de l’essence. Comme de nombreuses professions de santé, elles bénéficient d’indemnités forfaitaires de déplacement (IFD). Le problème : ce sont les plus basses des professions de santé alors que les Idels sont les professionnelles se déplaçant le plus au domicile des patients. « Nos IFD n’ont pas été revalorisées depuis plus de dix ans », fait savoir Ghislaine Sicre. Le montant est fixé à 2,50 euros brut, tandis que les kinésithérapeutes peuvent coter jusqu’à 4 euros et les médecins 10 euros. « Sur les 2,50 euros, nous avons 40 % de charges, et la somme restante doit nous aider à payer nos frais de voiture comprenant les révisions, les changements de pneus et le carburant, rappelle Ghislaine Sicre. Ce n’est pas possible. »

Quant aux indemnités horokilométriques, elles aussi sont jugées d’un trop faible montant, et surtout, elles ne peuvent pas être appliquées en agglomération. « Pour cette raison, nous demandons la revalorisation de l’IFD, insiste John Pinte. Comme nous pouvons tous la facturer, cela nous paraît être la mesure la plus juste pour toutes les Idels. » Le Saiil réclame même la réouverture des négociations conventionnelles sur le sujet.

Parmi les autres décisions qui pourraient aider la profession : mettre en place le remboursement de la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques (TICPE) telle que prévu pour les chauffeurs routiers. « À défaut d’augmenter les IFD, cela pourrait déjà être une mesure intéressante », conclut Ghislaine Sicre.

Laure Martin