Conduite par le Professeur Didier Sicard, une mission devra mener un « travail de réflexion et de concertation » de la société française d'ici la fin de l'année. Enjeu: poser la question de l'euthanasie.
C’est l’un des sujets sur lesquels il était attendu. En visite à la maison médicale Notre Dame du Lac, spécialisée dans l’accompagnement de la fin de vie et les soins palliatifs, ce mardi 17 juillet, à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), François Hollande a annoncé la création d’une mission chargée de mener un « travail de réflexion, de concertation », « un débat noble et digne » sur la fin de vie.
« Peut-on aller plus loin dans les cas exceptionnels où l’abstention thérapeutique ne suffit pas à soulager des patients aux prises avec une douleur irréversible et qui appelle un acte médical assumé, au terme d’une décision partagée et réfléchie ? », s’est interrogé François Hollande, saluant le « grand progrès de la loi dite Leonetti » sur le droit des malades en fin de vie (2005). C’est l’une des questions – appelant « de multiples réponses » - que posera la mission, dont la direction a été confiée au Professeur Didier Sicard, ancien président du comité consultatif national d’éthique. Plusieurs débats devraient être organisés en province et à Paris. Objectif : « Recueillir l’avis de la société, connaître les attentes des Français », a précisé Didier Sicard. A l’issue de cette phase de concertation, qui s’achèvera en décembre prochain, le comité national d’éthique sera saisi des propositions et « aura à délibérer dans le cadre de ses attributions », a expliqué François Hollande.
Former les professionnels de santé
Interrogé par la presse sur une éventuelle dépénalisation de l’euthanasie, comme c’est le cas en Belgique, le président de la République, resté très évasif durant la campagne présidentielle, a répondu qu’elle ne se poserait qu’ « après le débat ». François Hollande a d’ailleurs pris garde de ne pas prononcer le mot « euthanasie », lui préférant le « droit à mourir dans la dignité, ou plutôt le droit de vivre dans la dignité ». Dans son programme, le candidat socialiste avait évoqué « une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ».
Accompagné par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et la ministre déléguée aux personnes âgées et à l’autonomie, Michèle Delaunay, le président de la République a, par ailleurs, déclaré vouloir développer les soins palliatifs. « Il y a aujourd’hui près de 5 000 lits identifiés pour des prises en charge de ce type. Mais, si c’est 20 fois plus qu’en 2001, c’est encore très insuffisant. Deux tiers des personnes qui meurent de maladies pourraient relever des soins palliatifs, nous sommes très loin de leur accorder cette possibilité », a souligné le chef d’Etat. François Hollande souhaite aussi « diversifier l'offre », citant « l’hôpital de jour, les soins à domicile ou les structures pour personnes âgées ». Posant la question « de la prise en charge financière des soins palliatifs », le président a souhaité que soit menée une « évaluation financière qui mettent en avant les charges supplémentaires et les économies qui peuvent être induites », demandant à la ministre de la Santé de conduire une réflexion sur un passage à un « système globale de tarification », « chaque fois que cela sera nécessaire ». Le chef d’Etat a souhaité, enfin, « rendre systématique la formation des professionnels de santé aux soins palliatifs » et vouloir « développer la recherche ».
Texte et photo: Aveline Marques