Hôpital public: Un constat amer

14/02/2012

Hôpital public: Un constat amer

Le 8 février dernier, le colloque de l’INPH a dressé un sombre état des lieux de « l’hôpital public en 2012 », avant d’évoquer, avec les représentants des candidats à la présidentielle, des pistes pour les cinq prochaines années.

Perte de valeurs, manque de reconnaissance, quête de la rentabilité à tout prix...  Le 8 février dernier, Rachel Bocher, présidente de l’INPH (Intersyndicat national des praticien hospitaliers), a ouvert le colloque de l’intersyndicat sur le constat amer d’un profond malaise touchant la profession. Ce malaise s’explique, d’après elle, par un sentiment de dévalorisation, voire de mépris, des praticiens hospitaliers face à ce qui est ressenti comme des « attaques incessantes » contre l’hôpital public. En cause notamment, la toute-puissance d’une idéologie comptable visant à soumettre l’hôpital à une logique de rentabilité, souvent incompatible avec celle des soins.
 
Professionnels de santé : le défi démographique
Face aux nombreux défis auxquels les professionnels hospitaliers sont confrontés (démographique, financier, etc.), Rachel Bocher a appelé de ses voeux la mise en place des « 3 R » : retrouver le dynamisme, réconcilier les acteurs de la profession, et réduire les déficits sans sacrifier les soins, l’innovation et la qualité. Un constat largement partagé par les participants à la première table ronde (sur le thème « Quel hôpital public en 2012 ? »). Face aux praticiens, Annie Podeur, directrice générale de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), a appelé à renforcer l’attractivité des professions de santé, à revoir la place de l’hôpital dans le maillage territorial des soins de santé, et à assurer la pérennité du financement en responsabilisant les acteurs et en garantissant la pertinence des soins. « Dans les cinq années qui viennent,  il y a à peu près 100 000 infirmières et aides-soignantes qui vont partir à la retraite », soit respectivement 22 % et 19 % des effectifs actuels dans la fonction publique hospitalière, a souligné la directrice générale de la DGOS. Selon elle, le développement de l’ambulatoire et des soins « hors les murs » permettrait, notamment aux infirmières et aux professions paramédicales, de voir leurs conditions de travail améliorées, avec des horaires moins lourds.
 
Quel hôpital public pour 2017 ?
La deuxième table ronde de la journée a vu six représentants de candidats à la présidentielle exposer les visions de leurs partis (Europe Ecologie les Verts, FN, Front de Gauche, Modem, PS et UMP). De manière assez frappante, ceux-ci partageaient un certain nombre de constats et de projets sur la santé et l’hôpital public. Ainsi, tous les représentants des candidats (UMP compris) ont dit projeter d’adapter, plus ou moins profondément, la T2A. La grande majorité d’entre eux ont aussi rappelé leur attachement au service public hospitalier (sauf le Modem et l’UMP), et ont dit prévoir de renforcer les soins de premier recours. Les autres thèmes largement repris furent la prévention (EELV, PS), la fin de la convergence tarifaire (Front de Gauche, EELV, PS), la révision de la loi HSTP (tous sauf l’UMP, le Modem prévoyant pour sa part de l’adapter mais « de la laisser vivre »), avec notamment une adaptation du mode de gouvernance, vers davantage de mixité. Certains thèmes, très spécifiques, ont, ceci dit, marqué davantage les différences des partis en présence. La représentante du FN a ainsi prévu de « fermer la filière des médecins étrangers » ; le président de la commission santé EELV a insisté sur la santé environnementale ; le représentant du candidat UMP a lui évoqué « les avancées » depuis cinq ans et son attachement à l’équilibre financier ; la députée du Front de Gauche a détaillé la façon dont l’idéologie libérale a, selon elle, servi de base pour démanteler le service public hospitalier. Les problématiques spécifiques aux professions paramédicales ont été très peu abordées, le représentant de l’UMP évoquant toutefois, en réponse à une question, la mise en place d’éventuelles « passerelles » pour ouvrir les études de médecine à d’autres professions, notamment aux infirmières.
 
Ileana Epsztajn

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