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25/03/2025

HÔPITAUX PRIVÉS : « L’ÉTAT DOIT TENIR SES ENGAGEMENTS FINANCIERS »

Près d’1 établissement de santé privé sur 2 est en déficit. 60 % des établissements SMR déficitaires sont impactés. Cela fait peser un risque sur l’offre de soin territoriale. Dans ce contexte, la FHP pourrait reconduire un mouvement de grève si l’État ne tient pas ses engagements. Explications de Lamine Gharbi et Christine Schibler, président et déléguée générale de la FHP.

« Il y a 1 an, nous avions initié un mouvement de grève dans le secteur de l’hospitalisation privée suite à une campagne tarifaire 2024 inégale, rappelle Lamine Gharbi, président de la FHP (Fédération de l’Hospitalisation Privée) à l’occasion d’une conférence de presse mi-mars. Face à des engagements forts de l’État, nous avions levé ce mouvement. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où l’État pourrait ne pas respecter l’ensemble de ses engagements. Nous avons le sentiment que l’État revient sur les décisions prises et cela nous met en difficulté. Quand il y a un accord, il faut le tenir. »

2025 PIRE QUE 2024
Comme chaque année, le cabinet Roland Berger a mené une étude économique pour la FHP qui a inclut 564 établissements sur les 1000 hôpitaux et cliniques privés français. Pour rappel, plus de 90 % des recettes des établissements privés proviennent de la Sécurité sociale. Les 10 % restants proviennent des redevances acquittées par les médecins pour l’utilisation des moyens de l’établissement et de l’hospitalité.
Le secteur privé réalise 35 % de l’activité hospitalière en France. Il est très présent en chirurgie (60 %), en SMR (40 %), en cancérologie (40 %) et en IRC (42 %).
Christine Schibler, déléguée générale de la FHP : « 35 % de l’activité et pourtant nous ne touchons que 17 % des financements de l’Ondam hospitalier. Nous avons été frappés depuis le début du conflit en Ukraine par une augmentation très importante de l’inflation. Publics et privés, nous avons tous été sous-financés. La dégradation des résultats constatée aujourd’hui dans tous les secteurs d’activités hospitaliers provient essentiellement de ce manque de financement. Cela représente 1 milliard d’euros d’inflation entre 2021 et 2024 pour le secteur privé. Et cela explique largement la dégradation de nos résultats. »

1 ÉTABLISSEMENT SUR 2 DÉFICITAIRE
La campagne tarifaire a dégradé la situation des établissements avec près de 50 % des établissements déficitaires (contre 26 % en 2021).
Sur les 1000 établissements, le résultat net sectoriel est de -160 millions d’euros et pour les 450 établissements déficitaires, il y a une perte nette de 800 millions. En 3 ans, une perte supplémentaire d’1/2 milliard a été constatée pour ces établissements. Les difficultés économiques touchent plus fortement les établissements privés qui contribuent à des prises en charge essentielles dans l’accès au soin.
En 2024, 60 % d’établissements SMR privés ont été en perte, proportion qui a quasiment triplée en 3 ans et qui s’est accrue de moitié en 2024, année de la réforme du mode de financement. « Les 450 établissements privés déficitaires prennent en charge 18 % de l’activité hospitalière nationale (public et privé) en MCO et SMR, 30 % de la chirurgie, 12 % des cancers et 7 % de la psychiatrie. À ce déficit correspond donc un risque que l’on fait porter sur l’accès au soin », prévient Lamine Gharbi.

REVALORISATION DES SALAIRES
Du fait de ces résultats dégradés, les revalorisations salariales prévues à l’avenant 33* ne sont pas finançables par les établissements privés sans soutien complémentaire de l’État. Cela remet en question la parole de la FHP vis-à-vis de ses adhérents, des équipes médicales et des professionnels de santé. La FHP attend 140 millions d’euros de la part de l’État pour accepter de s’engager à hauteur de 150 millions.
« S’il n’y a pas de financement, il n’y a pas d’accord », a bien précisé Lamine Gharbi.
Autrement dit, si l’avenant 33 n’est pas signé, si les engagements écrits de l’année dernière ne sont pas tenus, de nouveaux mouvements de protestation sont à prévoir.
Christine Schibler, abonde dans ce sens « Nous avons engagé notre responsabilité vis-à-vis des équipes et, aujourd’hui, imaginer ne pas respecter nos engagements serait extrêmement difficile. »

Élise Kuntzelmann
* Avenant 33 à la convention collective nationale de l’hospitalisation privée portant sur la classification et les rémunérations.

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