Sur la base des données Hospi-Diag, Le Point a publié une enquête sur le « scandale », notamment financier, des hôpitaux. La FHF dénonce des « contrevérités ».
« Dette alarmante », « situation explosive », « autisme politique », « désorganisation », « absurdités »… Dans son numéro du jeudi 14 juin, l’hebdomadaire Le Point consacre un dossier de 12 pages au « scandale des hôpitaux ». Chiffres à l’appui. Le magazine a pu accéder à la base de données Hospi-Diag* de l’Agence nationale d’appui à la performance (Anap), un outil automatisé permettant d’évaluer la performance d’un établissement de santé ayant une activité de médecine, chirurgie, obstrétrique (MCO), mesurée à partir de 68 indicateurs portant notamment sur les finances, les ressources humaines et les activités. Résultats : un classement des « 100 hôpitaux les plus endettés », des « recordmen des charges administratives », des « 50 hôpitaux les plus dépensiers » en matière de personnel et une carte figurant les 100 établissements ayant « la plus faible productivité chirurgicale de France ».
23,6 milliards d'euros de dette
On apprend ainsi que la dette des 1 266 établissements de soins de court séjour s’élève à 23,6 milliards d’euros en 2010, le champion étant l’AP-HP avec un encours de la dette à 2194,4 millions d’euros, suivi par les Hospices civils de Lyon (931 millions) et l’AP-HM (795,9 millions). Côté charges de personnel, c’est la clinique de Bonneveine, à Marseille, qui décroche la palme avec 75,1 % de ses recettes allouées au personnel soignant ; suivent le CH de Freyming-Merlebach (Moselle) avec 68,8 % et le CH de Figeac (Lot) avec 67,7 %. Les hôpitaux ayant les plus lourdes dépenses administratives sont le groupe hospitalier Sud-Ardennes Rethel-Vouziers (38,1 % du total des charges nettes), devant le CH de Nanterre (Hauts-de-Seine) avec 37,5 % et celui de Bayeux (Calvados) avec 36 %. Le magazine a également organisé un « match public/privé » autour de la prise en charge des malades lourds en 2010, largement remporté par les hôpitaux (84 % des patients).
Outils de transparence
Une enquête qui n’a pas été au goût de la Fédération hospitalière de France (FHF). Dans un communiqué daté du vendredi 15 juin, Frédéric Valletoux, le président, et Gérard Vincent, le délégué général, dénoncent « les partis pris » et « les contrevérités qui servent un procès à charge bien éloigné de la réalité ». La FHF fustige une « interprétation tronquée des données brutes », notamment en ce qui concerne les blocs opératoires, dont la sous-utilisation peut être « parfois la contrepartie de l’obligation de permanence des soins dans certaines zones géographiques ». « On ne peut pas comparer un bloc dédié à une activité programmée et un bloc adossé aux urgences », ajoute le communiqué. La FHF défend la nécessité pour les établissements de « relancer l’investissement pour leur permettre de se moderniser » et sa « volonté de transparence totale sur les comptes des hôpitaux », soulignant les efforts réalisés en matière de comparaison des dépenses et des pratiques médicales. « Non, les responsables hospitaliers ne refusent pas de faire évoluer leurs organisations » et « ne rêvent pas d’hospitalo-centrisme », martèlent Frédéric Valletoux et Gérard Vincent.
La fédération s’alarme, par ailleurs, de la décision de l’Anap de rendre disponibles au grand public les données d’Hospi-Diag, dès la rentrée 2012. Hospi-Diag doit être « un outil de dialogue intelligent avec les acteurs de terrain et non l’occasion d’une stigmatisation absurde », plaide-t-elle.
Aveline Marques
*Les chiffres portent sur l’année 2010. Ils concernent les hôpitaux publics et les établissements de santé privés d’intérêt collectif (Espic).